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Les 10 ans de la MAPAD " Les Chênes verts "
La Maison de Retraite (ou plus exactement la Maison d'Accueil pour Personnes Agées Dépendantes) a reçu ses premiers résidents le 11 décembre 1992, cela fait tout juste 10 ans.
Un peu d'histoire
Le projet de construction d'une Maison de Retraite a pris corps sous la Municipalité dirigée alors par Aimé Vigouroux. A cette fin, le terrain de 1,48 ha, aujourd'hui occupé par le lotissement "Le Clos de Valgilade" a été acquis par la commune. En 1988, a été déposé un dossier en vue de la "Création d'une résidence pour personnes âgées" destiné à la Commission régionale des institutions sociales et médico-sociales
Dans ce document, sont soulignés les atouts de la commune : proximité de Montauban et des axes de communication que sont les routes 999 et 630, richesse des services administratifs, commerciaux et médicaux de proximité, dynamisme des associations, vitalité du conseil municipal qui réalise des équipements (assainissement, extension de l'école, aménagements du plateau de sport, de la place de la Mairie et des abords des lotissements…).
Il est prévu que cet établissement soit "adapté aux personnes âgées handicapées et plus ou moins dépendantes", qu'il "dispose d'une capacité de 40 lits, de locaux de soins et de services collectifs (espaces de vie, administration, cuisines, lieux techniques) ainsi que d'un appartement de fonction". Les surfaces utiles se répartissent en 820 m² de logements et 613 m² de parties communes. Sur le plan architectural, "chaque logement est traité en résidence principale (…) et bénéficie d'un ensoleillement maximum". "La commune assurera la maîtrise d'ouvrage et confiera la gestion au Centre communal d'Action Sociale". "Les personnes âgées résidant à Villebrumier auront accès aux équipements collectifs (…) en liaison avec le club du 3ème âge très actif".
En avril 1988, la valeur totale de cette réalisation est chiffrée à 9 500 000 francs, somme à laquelle il convient d'ajouter 1 000 000 de francs de mobilier.
La municipalité désormais dirigée par Etienne Astoul garde l'objectif de construction d'une Maison de Retraite mais établit un nouveau dossier en septembre 1990. A cette fin, elle a acquis pour 560 000 francs plus de 5 ha de terres du "château " auprès des héritiers de la famille Azam. Il est précisé que cette superficie est prévue pour 2 ha environ pour la Résidence de personnes âgées, 2 autres ha pour l'agrandissement de la zone sportive et le reste, 1,25 ha, pour l'aménagement d'un parc boisé.
Malgré le changement du lieu d'implantation, les raisons de fond qui motivent la création d'une telle structure restent les mêmes. L'accent est mis sur la proportion de 19,17% d'habitants de la commune de plus de 60 ans qui dépasse de 5,2% la moyenne nationale et sur l'absence d'équipement de ce type dans un rayon de 20 km. (A Villemur Grisolles et Montech, on ne reçoit pas les "personnes dépendantes", là est toute la différence. Ndlr). Des précisions sont apportées : "Les bénéficiaires seront les personnes âgées valides dont l'isolement entraîne un sentiment d'insécurité ; les personnes âgées désorientées, les personnes âgées semi-valides qui ont besoin d'aides occasionnelles ; les invalides grabataires (…). Des repas seront servis à des personnes âgées non résidantes, soit au sein de l'établissement, soit chez elles (…). L'aménagement dans le parc très arboré favorisera l'ouverture sur l'extérieur, le développement d'un réseau d'échanges spontanés".
Ce projet s'inscrit alors dans le schéma départemental des établissements médico-sociaux arrêté par le Conseil général en date du 6 mars 1990 qui prévoit la création de 120 lits répartis à parts égales sur Montauban, Monclar et Villebrumier avec un financement de 1 000 000 de francs pour chaque entité.
La conception architecturale est définie. Elle s'appuie sur les observations glanées au cours de nombreuses visites effectuées par les élus dans des structures du même type, aussi bien en Tarn et Garonne que plus loin encore. Les résidents occuperont chacun une chambre avec un espace extérieur semi-privatif. Le bâtiment comprendra trois parties distinctes :une zone médicalisée de 14 chambres ; un "cantou" (1) pour recevoir les personnes désorientées, lieu équipé de 10 chambres, salle à manger, salle d'ergothérapie, salle de bain ; une zone d'hébergement de 25 chambres. Des locaux sont prévus pour visites médicales, soins infirmiers, séances de kinésithérapie et surveillance. Des espaces seront aménagés pour les services collectifs, comme les ateliers ou le restaurant, et pour les services généraux.
Comme le précédent projet, la commune sera maître d'ouvrage, mais délèguera sa responsabilité à la Sémateg (Société d'Economie Mixte d'Aménagement du Tarn et Garonne) et confiera la gestion au CCAS (Centre Communal d'Action Sociale) qui s'acquittera auprès de la commune propriétaire d'un loyer d'un montant correspondant aux annuités d'emprunts.
Le prix de revient prévisionnel, équipement compris, au 10 septembre 1990 est chiffré à 11 800 000 francs. Le financement est assuré par deux subventions de 1 000 000 F chacune de la part du Conseil Général et des Caisses de Retraite, d'un prêt sans intérêt de la CPAM et d'un autre à 7% consenti par le Crédit Foncier de France.
En date du 10 août 1990, le cabinet d'architectes dirigé par Michel Sartre fournit son "rapport de présentation" où il est noté que l'établissement aura "un plan en H en rez de chaussée" de 1952, 40 m² et sera "une structure conviviale d'hébergement à la "campagne" assurant des bonnes relations extérieur-intérieur". Petit à petit, le "projet de vie, projet gérontologique innovant" se précise autour de deux axes majeurs : d'une part, l'image d'un établissement conçu comme lieu de rencontres, d'autre part la charte des personnes âgées en institutions qui précise leur droit à la dignité, à l'identité, à la vie privée, au libre arbitre et à la parole.
Le permis de construire a été déposé en septembre 1990 et la pose symbolique de la première pierre a eu lieu le samedi 7 mars 1992. En réalité, les terrassements et les fondations étaient déjà achevés. Conjointement, grâce à un autre budget, un centre de préparation culinaire a été réalisé en vue d'assurer la restauration des résidents, mais aussi celle des scolaires et de mettre en place le portage des repas à domicile chez certaines personnes âgées.
Les premiers occupants sont arrivés le 11 décembre 1992. A la satisfaction générale, toutes les places ont été occupées en quelques semaines. Cathy Iché en assurait la direction. Depuis, diverses modifications ont été réalisées : le logement de fonction a été, par exemple, aménagé en chambres.
L'inauguration a eu lieu en octobre 1993. L'établissement s'appelle "Les Chênes verts" en référence à cette espèce d'arbres présente dans le bois tout proche.
Plus tard, la construction d'une aile nouvelle a porté la capacité d'accueil à 58 lits en juillet 1999. Robert Lévy, le directeur actuel, considère le bâtiment très fonctionnel et bien adapté aux pensionnaires dans la mesure où la conception de l'espace facilite les déplacements et les possibilités de rencontres, à l'image de la chapelle qui est un lieu de retrouvailles régulières. Il attache une grande importance à la formation continue des 35 personnes employées. Il souhaiterait développer davantage les contacts avec la population locale et avec les associations comme cela était au demeurant précisé dans les objectifs initiaux..
Trois organismes assurent le bon fonctionnement de la MAPAD. Le Conseil d'Administration émane du CCAS et gère le budget. La pension journalière se monte actuellement à 42,50 €, prix duquel chaque pensionnaire peut défalquer les aides que sont l'allocation logement et l'allocation aux personnes âgées.
Le Conseil d'Etablissement, composé de résidents, de membres des familles et de personnels, permet de répondre aux préoccupations quotidiennes touchant aux relations des uns avec les autres.
La "Classe des Jeunes", une association subventionnée à hauteur de 4 500 € par le budget de la MAPAD, organise des animations ou des sorties et procure, en dépannage, des produits de première nécessité pour la toilette par exemple.
Le dixième anniversaire est l'occasion d'une exposition de photos que chacun(e) est invité(e) à voir, en attendant de marquer l'événement comme il se doit pour la fête de la Saint Jean, en juin prochain. D'ici là, osez donc une visite à la Maison de Retraite, le meilleur accueil vous y est réservé.
Chiffres
4 58 résidents dont seulement 10 hommes et un couple, M. et Mme Gasc.
4 En 2001, 12 nouvelles entrées
4 9 résidents originaires de Villebrumier (1 homme : Lucien Jamme et 8 femmes : Léa Guillion, Pascaline Fréville, Armandine Fabra, Hélène Bouzou, Dolorès Gutierrez, Emma Muratore, Angéla Bertelli, Noëlle Arnoul).
4 91 personnes figurent sur une liste d'attente
4 102 ans (née en 1900) : Jeanne Londeix, la doyenne ; 99 ans (née en 1903) : Anna-Rose Savagnol ; 98 ans ( né en 1904) : Pierre Groussac
4 21 personnes ont 90 ans et plus
4 72 ans (née en 1930) : Josette Coffignal, la plus jeune.
4 31 personnes composent le personnel (1 directeur, 2 infirmières, 2 secrétaires administratives, 3 aides-soignantes dont 1 auxiliaire à mi-temps, 11 agents d'entretien, 10 agents de service sous statut CEC, 1 agent technique, 1 diététicienne vacataire).
Animations
On fête chaque mois les anniversaires et, tout au long de l'année, les dates marquantes: Rois, Chandeleur, Carnaval, Pâques, Travail, Mères, Pères, Pentecôte, Saint Jean, Noël.
Loisirs
Sont proposés occasionnellement auditions musicales ou chansons, spectacles, sorties (zoo, visites de sites, rencontres avec des pensionnaires d'autres établissements…), séjours à l'extérieur comme à Balaruc ou au Pays basque…), mais aussi hebdomadairement réactivation, bricolage, remue-méninges, promenades, esthétique, entretien corporel ou mensuellement journal, chorale, loto.
Paroles de résidents...Paroles de résidents...Paroles de résidents...Paroles de résidents...Paroles de résidents...Paroles de résidents...
José Roméro
A connu une vie hors du commun.
"Je suis né en 1915 en Espagne. A six ans, je me suis retrouvé orphelin après la mort de mon père. J'ai été longtemps un pauvre malheureux, maltraité par les patrons. Je me suis engagé dans les rangs des républicains durant la guerre civile espagnole. J'avais de la sympathie pour le mouvement anarchiste. En février 1939, je me suis retrouvé parmi les nombreux réfugiés au camp de Barcarès ; Après sept mois, je suis devenu ouvrier dans une usine du Loir et Cher qui produisait du matériel de guerre. J'étais mal nourri et mal payé. A la débâcle, au printemps 1940, j'ai suivi l'exode vers le sud. J'ai ensuite intégré, dans la région de Bagnères de Bigorre, le maquis organisé par des anciens des Brigades Internationales. Avec des compatriotes, nous effectuions des sabotages de part et d'autre de la frontière. Nous étions sans revenu et il m'est arrivé parfois de voler pour manger. J'ai été arrête par la Guardia Civil et mis en résidence surveillée sur l'île de Majorque. Je risquais d'être fusillé et j'ai réussi à rentrer dans la clandestinité. J'ai fait la connaissance d'une jeune veuve et nous avons vécu ensemble. Sous une fausse identité, je m'occupais d'une imprimerie qui tirait les journaux des organisations anti franquistes. La peur était toujours présente. Après plusieurs années, notre fils est né et j'ai réussi à faire traverser la Méditerranée à huit personnes, malgré une mer agitée, grâce un petit bateau. Nous avons débarqué par hasard en Algérie. Là, j'ai été emprisonné et libéré au bout de deux mois après avoir été jugé. J'ai alors travaillé dans une grande ferme du côté de Blida. Je connaissais enfin avec ma famille une vie plus paisible. Les premiers troubles se sont manifestés et nous sommes partis pour la France en juillet 1956. J'ai successivement travaillé dans l'agriculture dans le Lot, le Roussillon, à Montauban, à Castelsarrasin, à Saint Nauphary (à Bonrepos exactement) et Campsas. Puis j'ai construit une maison à Labastide Saint Pierre. Je suis veuf depuis quatorze ans, et la solitude me pesait car mon enfant était installé à l'étranger. A la suite d'une hospitalisation, j'ai pris peur; et j'ai souhaité entrer dans une maison de retraite. Je suis donc ici depuis avril 2000. J'y suis très bien. Je n'en sortirai que pour gagner mon caveau qui m'attend à Labastide. Je peux mourir tranquille. Je ne regrette rien de ce que j'ai vécu. J'avais envie seulement de travailler et de vivre libre. Je suis fier de la réussite de mon fils. Quand il a été scolarisé en France, à huit ans, il ne connaissait que l'espagnol et l'arabe. Il a passé le Certificat d'Etudes à Villebrumier et a été reçu premier du canton. Malgré nos difficultés financières, il a poursuivi ses études, et il est devenu professeur. Mes deux petits enfants ont bien réussi aussi, le garçon est ingénieur et la fille professeur d'anglais".
André Teyssier
Est entouré de quelques meubles personnels et de photos de la famille, ses deux fils, ses cinq petits enfants et ses cinq arrières petits enfants.
"Je suis né dans le Gard en 1917. J'ai été prisonnier de guerre et c'est en captivité en Allemagne que j'ai rencontré mon épouse polonaise réquisitionnée pour le Service de Travail Obligatoire. Notre fils aîné est né là-bas et le second dès que nous sommes revenus en France, à Paris. Nous avons habité dans le septième arrondissement puis en banlieue. J'étais chauffeur-livreur. A la retraite, en 1980, nous avons fait construire un pavillon à Corbarieu car des membres de ma famille habitaient la région. Mon épouse est devenue impotente et je l'ai soignée de longues années. Mais nous avons dû nous décider à entrer ici, en août 1999. Malheureusement elle est décédée quelque temps plus tard. Depuis, je lui écris régulièrement chaque mois.
Ici, je me sens bien. Je suis Président du Comité d'Etablissement, un organisme qui regroupe tous les partenaires et qui vise à être à l'écoute des pensionnaires en vue de répondre à leur besoins. Comme je suis assez valide, malgré ma position "tordue", je participe régulièrement aux activités proposées, que ce soit le chant, le loto ou les sorties. Je suis allé plusieurs fois en voyage, la dernière fois il s'agissait d'un séjour au pays basque. Je m'occupe de mon petit jardin (en fait, l'entretien de quelques plantes et fleurs dans des pots placés à l'extérieur, devant la porte-fenêtre). Je vois encore bien et je fais des mots fléchés. J'écoute de la musique mais je regarde la télévision de moins en moins. J'ai conduit la dernière fois pour aller voter le 16 juin dernier, car je me suis rendu compte, moi qui étais chauffeur, que je n'étais plus capable d'effectuer les gestes nécessaires. Désormais, je vais au cimetière et à Montauban en taxi".
Armandine Fabra
Prend tous ses repas en compagnie de son fils Joël.
"Je suis née en 1915 à Orgueil. Je n'ai pas connu mon père qui a trouvé la mort lors de la bataille de Verdun en 1916. J'ai été placée, logée et nourrie, à l'âge de seize ans à Albi, chez un lieutenant.. Puis j'ai travaillé à Toulouse et à l'hôpital de Béziers. Là, j'ai connu mon mari et nous nous sommes mariés. Nous avons vécu cinq ans en Algérie avant de nous installer à Villebrumier en 1945. J'ai eu douze enfants, mais malheureusement cinq seulement sont vivants. J'ai six petits enfants. Je suis entrée ici parmi les tous premiers, le 15 décembre 1992. Depuis, j'ai vu passer beaucoup de monde. Je me trouve bien, j'apprécie la nourriture, l'hygiène et le personnel. J'ai des difficultés pour me déplacer et ma vue n'est pas très bonne. Je suis fatiguée. Je ne participe guère aux animations proposées, je ne suis pas très "liante". J'écoute beaucoup la radio et j'aime les airs modernes. Je fais un effort pour me "maintenir", je fais attention à ma tenue vestimentaire".
Gabrielle Simian
Occupe une chambre bien fleurie et tapissée de photos de famille.
"Je suis née le 24 mai 1921 à Saint Jean de l'Olt. J'ai vécu dans ce village jusqu'à mon mariage, en 1943. J'aidais mes parents qui tenaient un commerce, une épicerie "L'Epargne" couplée à un café-restaurant dont la façade portait l'écriteau : "Ici, on boit sans soif". Nous organisions des parties de rampeau et des bals. Quand j'ai épousé mon mari agriculteur, nous nous sommes installés à Puylagarde Pendant la guerre, j'ai aidé les résistants du maquis. J'ai risqué ma vie. Je n'ai pas eu d'enfant, et je suis veuve depuis 1971. Je suis arrivée ici le 22 décembre 1992, quelques jours après l'ouverture de la Maison de Retraite. J'avais fait des séjours à l'hôpital et j'avais fréquenté plusieurs établissements de soin à Albi, Fronton, Bondigoux. J'ai été opérée plusieurs fois et j'ai les jambes très malades et je porte des chaussures orthopédiques et des bas de contention. J'ai du mal à me déplacer et je participe peu aux activités proposées. Mais je reçois beaucoup de courrier et des amis viennent ma voir. Je sais tout ce qui se passe à Puylagarde. Je lis le journal. J'ai vendu ma maison car la pension revient cher. Je me plais ici, et j'essaie de m'occuper de la doyenne d'entre nous, Jeannette Londeix, qui a 102 ans".
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