"L'automne est triste avec sa bise et son brouillard,
Et l'été qui s'enfuit est un ami qui part…"
Ces vers de Victor Hugo si souvent récités par nos petits écoliers dès la rentrée des classes nous replongent dans cette arrière saison , si belle pourtant avec ses vendanges en septembre, ses forêts en octobre et sa nostalgie de novembre.
Septembre :
vendanges et vins
"Hier, on cueillait à l'arbre une dernière pêche,
Et ce matin, voici dans l'aube épaisse et fraîche,
L'automne qui blanchit sur les coteaux voisins.
Un fin givre a ridé la pourpre des raisins…"
Un don des dieux ! Ainsi les Anciens qualifiaient-ils le vin. Nos Ancêtres, ceux d'avant les Gaulois, en buvaient déjà, et les Romains, n'envahissent pas qu'avec armes et bagages mais aussi avec leurs vignes. Et l'Eglise ne laisse pas passer cette part-là de l'héritage. C'est ainsi qu'au Moyen Age, le vignoble de France prend véritablement son essor. Alors, dans un bel hommage à la Création Divine, les vignobles fleurissent de la Bourgogne à l'Aquitaine, de la Champagne à l'Anjou. Et c'est d'abord l'affaire des Moines, car la vigne est essentielle aux abbayes pour le culte, pour la santé aussi, pour la prospérité surtout. Les Moines se font donc vignerons car ils ont pour eux le temps, la connaissance et…les terres ! Qualité des sols, microclimats, classification et réhabilitation des fûts pour l'élevage de leurs crus, rien ne leur est inconnu ! La barrique de chêne, d'origine gauloise, y prend sa revanche sur l'amphore d'argile connue du monde romain.
Bien sûr, les religieux ne furent pas les seuls à s'intéresser au vin. Rois de France, grands et petits seigneurs, tous se mirent de la partie dans un élan tel, que, malgré le phylloxéra, parasite qui anéantit, au tournant du siècle, la quasi totalité des vignobles français, ceux-ci retrouvent rapidement leur charme et leur suprématie mondiale.
En septembre, période des vendanges, nous nous rendons compte de l'importance de la culture de la vigne dans notre région productrice de plus en plus de crus renommés : recherche de main d'œuvre pour la cueillette, travaux intenses dans les coopératives vinicoles, organisation des foires aux vins…
Octobre :
la richesse de la forêt
"L'automne souriait, les coteaux vers la plaine
Penchaient leurs bois charmants qui souriaient à peine…"
De tout temps, la forêt a été au service de l'homme pour assainir l'atmosphère, le nourrir, le chauffer, lui fournir la pâte à papier, lui procurer le plaisir de la promenade et de la chasse. Et pourtant, à force de défrichement et de mise en coupe réglée, les forêts françaises ont failli disparaître avant l'arrivée au pouvoir de Louis XIV qui promulgua en 1669 une ordonnance faisant date : déboisement et reboisement deviennent affaire d'Etat. Derrière la volonté du Roi, se profile celle de son principal ministre, Colbert, "Grand Maître des eaux et Forêts". Son objectif, économique et militaire, tend à faire de la France une puissance maritime : pour fabriquer de bons navires, on scie des millions d'arbres ; mais chaque tronc coupé doit être remplacé et l'on n'aura jamais planté autant d'arbres que durant le "Grand Siècle". Nous héritons du grand ministre de Louis XIV une vision nouvelle de la forêt devenue "noble et précieuse partie du domaine".
Les tempêtes de décembre 1999 comme les incendies inconscients des étés, prouvent que nos forêts ne sont éternelles que si, inlassablement, nous leur prodiguons soin et respect.
Novembre :
la chaleur du souvenir
"Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.
J'irai par la forêt, j'irai par la montagne,
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps…
Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur ;
Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur "
Bienheureux souvenirs qui nous aident à conserver, sinon entière, du moins intacte, la "vie d'avant", la nôtre comme celle de nos proches. Il en va de même pour les peuples. Commémorations, anniversaires, sonneries au clairon et minutes de silence sont autant de témoignages de leur propre histoire, douloureuse ou glorieuse, qui permettent de tisser les liens entre les générations. Il arrive même que le cœur d'une nation s'arrête pour honorer l'un des siens. Ce fut le cas cette année pour Victor Hugo, ce grand poète dont les vers évoquent souvent les périodes qui jalonnent nos vies, les saisons, les sentiments…
Décembre :
ses promesses de fin d'année
Ainsi s'achève l'automne, mais voici décembre qui d'un clin d'œil nous fait sourire avec ses promesses de fin d'année:
"J'aime l'hiver, il est si beau
Dans l'hermine de son manteau
Où le givre met sa dentelle !
Qu'importe la bise cruelle :
Voici Noël et ses cadeaux ! "
A vous tous, chers lecteurs, nos meilleurs souhaits de bonne et heureuse année !