rubrique à
brac | édito | dictons | poésie
| maroeuil | route
centres faïenciers | mapad
| glanage | automne
certificat d'études | rasta
Les centres Faïenciers au XVIIIe siècle dans le Bas Quercy (Ardus - Montauban - Négrepelisse) et la Lomagne (Auvillar)
A l'occasion d'une visite à Mr le Curé au Presbytère de Villebrumier, j'ai remarqué accroché sur un mur, un bénitier en faïence de facture modeste, avec quelques coloris.
J'ai demandé à l'abbé Jaubert, s'il connaissait l'origine de cette pièce. "Cela vient de famille" m'a t-il répondu et estampillé de la fabrique de faïence d'Auvillar. Possédant un objet à peu près identique dans mon habitation, j'ai décidé de remonter le temps, pour connaître les fabriques de faïencerie dans notre département.
Au XVIIIe siècle, dans le Bas Quercy se développent des centres faïenciers importants. Ardus en 1737, Montauban vers 1770 et Négrepelisse en 1782. En Lomagne vers 1700, on trouve un centre faïencier très important à Auvillar. Mais au début du XIXe siècle, on assiste à une disparition progressive de ces industries, concurrence étrangère, changement de goûts, soubresauts de notre Révolution.
Définition de la faïencerie
On entend par faïence, les ouvrages faits en terre cuite couverte d'émail. La terre propre à cet usage est une espèce de terre grasse qui tient le milieu entre la terre glaise et l'argile.
Faïencerie de Négrepelisse
Négrepelisse abritait de longue date une très active corporation de potiers de terre. Entre 1775 et 1780, Jean Viguié, crée une faïencerie dans sa propriété des Valettes près de Négrepelisse. Il fit appel au tourneur Marcellou qui avait travaillé précédemment à Ardus et à Auvillar. Cette entreprise disparaît en 1809.
Production : comme thème décoratif, des amours, l'oiseau campé sur une longue terrasse. Parmi les formes à signaler les pots Jacquot et pots Jacqueline qui ont rencontré un grand succès dans le Nord de la France.
Faïencerie de Montauban
Fabrique David Lestrade
En 1761, venant d'Ardus, David Lestrade crée sa propre fabrique à Montauban, quartier du Moustier. Ensuite le peintre Antoine Tesseyre en sera le directeur. La manufacture fait faillite en 1811.
Production : seul maître faïencier à Montauban jusqu'en 1770 sa production est très variée : vase à pharmacie, assiettes. Le décor à "grotesques" d'un genre très particulier, l'aile des assiettes s'orne de branches fleuries, la palette est douce, le bleu un peu délavé, le vert olivâtre et un trait de manganèse cerne les dits "grotesques".
Fabrique Arnaud Lapierre
En 1771, A. Lapierre quitte Ardus et s'installe à Montauban. La mort le frappe en 1772. La fabrique prend ensuite le nom de Lapierre Frères et Quinquiry. En 1820, elle cesse de fonctionner.
Production : fabrication des services armoriés, camaïeu bleu et jaune utilisé pour ce genre de faïence. Assiettes à bord festonné, décor de grand feu en camaïeu vert d'un personnage "grotesque", bouquets de fleurs à la rose manganèse.
Faïencerie d'Ardus
En 1737, le Baron François Duval, installe une faïencerie dans son domaine de Lamothe. En 1774, Joseph de Varaire, son fils prend sa succession. L'entreprise devient en 1749, Manufacture Royale. Avant 1789, l'entreprise amorce son déclin après la mort du président Varaire. Ensuite la fabrication consistera en pièces utilitaires blanches et simples poteries.
Production : fabrication de services armoriés, plat octogonal décor de grand feu en camaïeu bleu à inspiration de style Berain. Plat ovale à bord contourné. Pots de pharmacie, inscription en manganèse cartouche de rocaille simplifiée dont le style s'inspire de Nevers ou de Montpellier, exécuté en camaïeu bleu.
Faïencerie d'Auvillar
Vers 1700, on comptait déjà 300 ou 400 potiers dans ce grand bourg.
Fabrique Ducros - Place St Pierre
En 1724, installation d'une faïencerie par François Ducros. Elle cessera son activité en 1872.
Fabrique - rue du Junqua
En 1784, Antoine Serres, fondateur de la nouvelle fabrique. Elle ferme définitivement en 1903.
Fabrique - rue de l'argenterie
En 1762, fondation de cette fabrique par Géraud Verdier. Elle ferme en 1848.
Fabrique du port
Installation d'une manufacture de faïencerie en 1786, par Henri Joseph Landener. Elle ferme ses portes en 1848.
Fabrique de Mondou et de Lanse
En 1769, créée par Etienne Taillard son fils se trouve à la tête de Mondou. En 1814, la fabrique de Mondou est fermée. La fabrique de Lanse est fermée en 1850.
Fabrique de Marchet
En 1805, Joseph Castex est propriétaire jusqu'en 1861.
Production : les pièces ont un but utilitaire : objets nécessaires à la table, à la toilette, tout pour la vie de la maison. Le camaïeu bleu qui marque la production à son début s'inspire du style Rouennais ou celui de Moustiers avec la fleur de solanée. Le décor floral s'impose avec le bouquet à la rose, le bord des assiettes sont rehaussé de peignés bleus, jaunes, rouges, verts.
Technique
La terre choisie est mise à tremper dans l'eau, délayée, passée sur un tamis et mise à sécher naturellement. Avec cette pâte les pièces sont tournées ou moulées. Après enfournage du cru et une délicate conduite du feu pendant plusieurs heures (cuisson dite de dégourdi à basse température - 500 à 600 C° ), on laisse refroidir le four. Le produit ainsi obtenu fragile et poreux reçoit par trempage l'emballage. Les pièces sont plongées dans une solution, avec un mélange de poudre d'émail et d'eau. Pour obtenir un nappage parfait, brève immersion de la pièce et mouvement rotatif du poignet de l'émailleur. De nos jours, on cuit "en biscuit", c'est à dire à la température qui convient à la pâte, en ajoutant un fondant ou un liant. La faïence ainsi obtenue est prête pour une seconde cuisson, cette faïence sera uniformément blanche.
Décor de grand feu
C'est un procédé de fabrication très ancien. Le décor peint est appliqué sur l'émail cru, séché juste avant la deuxième cuisson, qui durcira l'émail et le rendra brillant. Le peintre travaille sur l'objet à main levée. Dans une composition plus recherchée, il se sert d'un poncif. C'est une feuille de papier perforée à l'aiguille de petits trous qui suivent le tracé du dessin, à l'aide du papier calque. Sur ce poncif, on saupoudre avec de la ponce. Le calque enlevé, le dessin apparaît en pointillé. Il suffit alors au peintre de se guider sur ce canevas et le remplir de couleurs. Aucune correction n'est possible, les pièces sont enfournées et soumises à cuisson entre 750 et 950C°.
La palette de grand feu est :
- le violet de manganèse
- le vert de cuivre
- le jaune de l'antimoine
- le bleu de cobalt
Décor de petit feu
ou cuisson au feu de mouffle
C'est un procédé adopté au milieu du XVIIIe siècle. A température plus basse, 600 à 700 C°, on peut utiliser des couleurs qui à température de grand feu se volatiliseraient. La pièce émaillée sans décor reçoit la deuxième cuisson. Ensuite sur cet émail durci, le peintre applique la décoration. La céramique est cuite une troisième fois à feu doux dans des récipients protecteurs à l'abri de la flamme directe du four. Avec cette cuisson de petit feu, l'oxyde de fer prend tout son éclat de rouge, ce qui donne de merveilleux carmins.
Conclusion
Entre le XVIe et la Révolution de 1789, toutes les régions de France virent des faïenceries se créer, se développer et disparaître. Sous l'impulsion des Intendants généraux, des hommes riches et entreprenants s'engagèrent dans la création de ces fabriques mais dès le début du XIXe siècle, on constate l'agonie des entreprises dans notre département.
De nombreuses pièces de collection d'objets en faïence se trouvent dans les musées de Montauban, d'Auvillar et de Sèvres.
Yves
Bibliographie :
"Bordeaux - La Rochelle.
Histoire de la faïencerie"
D. Guilleme. Brulon.
"Faïence de Négrepelisse" G. Soulié.
"Faïence d'Auvillar"
A. de Nadaillac. Pilat.
|