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Anecdotes à propos de Certificat d'Etudes Primaires

C'était pendant la Guerre…
Le Certificat d'Etudes a été instauré en 1882 et mis en place après l'Arrêté ministériel du 18 janvier 1887. Tout candidat devait avoir 14 ans révolus au 31 décembre de l'année de l'examen, sans dispense possible d'après la première loi.
Autrefois, peu d'élèves quittaient l'école communale pour continuer leurs études et la délivrance du diplôme ouvrait non seulement les voies de l'apprentissage à de nombreux métiers, mais représentait aussi une culture générale suffisante pour entrer dans la vie active courante.
Quelques dérogations furent acceptées bien exceptionnellement pendant la Guerre 39/45, et j'eus la chance d'en profiter. J'avais l'âge d'entrer au collège en 1940/41, mais cette période si troublée ne fut pas favorable à mon orientation vers l'Ancien Collège de Montauban: ressources financières bien diminuées du fait du départ de mon père sur le front, événements tragiques consécutifs à l'occupation allemande… Tout cela fit que je restai à l'école primaire une année de plus. Mon maître obtint une dérogation afin que je puisse "passer le certificat d'études" à douze ans au cas où l'entrée au collège s'avèrerait possible. Ce qui arriva, car mon père eut la chance de rejoindre son foyer dès la fin des hostilités et la situation familiale s'améliorant, je pus fréquenter le collège à la rentrée 42.
Mes parents satisfaits de ce premier succès à un examen pensaient aussi que dans le cas où mes études seraient interrompues, j'avais toujours le "Certificat d'Etudes" !

Georgette

Cela a tenu à un cheveu…
Pourquoi ai-je passé le Certificat d'Etudes ?
C'était il y a longtemps. Je fréquentais l'école de filles de Fronton. Et parfois, j'y attrapais des poux (hibou, chou, genou…oui, il faut bien un x !). A cette époque, pas de shampoings spéciaux : on avait droit à l'épouillage au peigne fin. Avec un grand torchon sur les épaules, on devait subir ses dents fines et serrées. On les fabriquait à Lavelanet, ces peignes exécrés ! Et ça raclait, et ça tirait et ça durait ! Le peigne passait et repassait dans mes cheveux épais et frisés ! Une vraie torture !
Un jour, mon père exaspéré par mes cris et pleurs durant l'une de ces opérations, m'amena derechef chez son coiffeur et demanda, pour moi, une coupe de garçon ! Il n'était pas question à l'époque de discuter une décision des parents, et d'ailleurs, je voyais sans déplaisir les touffes de mes cheveux tomber autour du fauteuil…Ma mère, à mon retour, poussa quelques cris, mais comme elle avait toujours rêvé d'un garçon, elle se calma vite. Je ne me souviens pas des réflexions, le lendemain, de mes camarades d'école. Mais c'était pratique : coiffures et lavages très simplifiés ! Bien que je n'aie plus eu de poux par la suite, on continua à m'envoyer chaque mois chez le coiffeur pour hommes, pour une "coiffure à la garçonne".
Cela aurait pu durer longtemps. Mais le moment était arrivé de me présenter au lycée pour mon entrée en sixième. Et là, grosse surprise: la directrice du lycée Michelet de Montauban refusa tout net de m'inscrire ! "Mais voyons, elle a les cheveux trop courts ! C'est un lycée de filles ici !". Elle fut inflexible…
Je refis donc une année à l'école primaire, au cours supérieur, et, avec les autres candidats, je passais donc le fameux certificat d'études…
Mes cheveux avaient entre temps repoussé et je pus entrer au lycée. Comme quoi, les temps on bien changé !
Tiens, j'y pense : ma mère aurait pu proposer de me mettre un foulard!

Colette