Association Entre-Nous



Accueil

Journal

Archives
Equipe

E-mail
Livre d'or
Forum

Photos
10 ans

Cassette vidéo
Abonnement

Bric-à-brac
Aide

nb de visiteurs

Chercher sur le site
 

   
EN n°52 > Historique du chateau de Reyniès

rubrique à brac | bravos | édito | dictons | dires occitans | poésie
pie | historique chateau | noël autrefois | noël profane | Tarn
souvenirs en Chine | journée d'études | Pierre Groussac | recette

Historique du château de Reyniès

L'après-midi du dimanche 26 octobre, lors de la "Journée d'études" de la Société Archéologique, les participants ont été accueillis par Monsieur et Madame De Reyniès pour une visite guidée de leur château. A cette occasion, le maître des lieux a tracé l'histoire de cette demeure que voici.

Un château-fort construit à la fin du 13 ème siècle

La construction du Château remonte à 1269. Les briques cuites utilisées étaient fabriquées sur place dans la briqueterie sise en amont du pont actuel et qui était encore en service dans les années 1880. L'excellence de la cuisson explique l'inutilité d'un crépi de protection.
Cette bâtisse présente une particularité exceptionnelle: elle ne compte que trois tours. Ce type de réalisation résulte en principe d'une contrainte topographique comme la présence d'une tête d'éperon ou d'un bec de confluence. C'est le cas par exemple de Castelnau-Bretenoux dans le Lot. A Reyniès, il existait largement la place pour prévoir la quatrième tour. C'est pourquoi il a fallu trouver " une astuce" pour pallier ce manque: la mise en place de redents qui donnent à la façade côté parc un aspect très original.
(NDLR: Un redent ou redan est un ouvrage de fortification constitué de deux murs formant un angle saillant)
Ce château-fort occupait une position stratégique remarquable sur la rive droite du Tarn, contrôlant le trafic fluvial important qui a existé jusqu'à la fin du 19 ème siècle.
La famille De Reyniès, l'une des plus ancienne du Quercy, trouve son origine dans la famille Raymond de Grimoard, seigneur de Villebrumier en cette fin du XIII ème siècle et aussi de Reyniès. Il acquiert ce second titre quelques années après l'édification du château. Quand Antoinette de Grimoard épousa, en 1450, Jacques de La Tour, elle lui apporta en dot la seigneurie de Reyniès.

Le château dans la tourmente des guerres de religions

Ce château subit les rigueurs des guerres de religions et son histoire est intimement liée au siège de Montauban, en 1621.
A l'époque, les De La Tour de Reyniès s'étaient convertis à la religion prétendue " réformée " et c'est un descendant de cette famille, Pierre de Latour, qui fut un ardent défenseur de la ville de Montauban assiégée par les troupes du Roi Louis XIII..
Le château, occupé par les catholiques, fut attaqué le 6 août, par un groupe considérable de montalbanais composé d'un corps de cavalerie, d'une infanterie de deux mille hommes et d'une artillerie de trois pièces. Monbrun et la troupe qu'il commandait se rendirent maîtres de la forteresse qui ne fut pas pillée par considération pour le propriétaire à qui elle fut rendue. Ce personnage, à qui avait été confiée la défense du Moustier, fut gravement blessé le 20 septembre et obligé d'abandonner son poste.
La défense de Montauban fut si vigoureuse et l'attaque si mal conduite que le Roi, après trois mois d'efforts et ayant perdu huit mille hommes, fut obligé de lever le siège le 15 novembre.
Mais auparavant, des négociations avaient eu lieu à Reyniès: "Le jeudi 17 octobre, le Connétable de Luynes (commandant général des armées, Ndlr) s'en alla à quatre lieues (environ seize kilomètres, Ndlr) de Picquecos, quartier général du roy, à un château nommé Reniers où il avait donné sûreté à Monsieur de Rohan de lui venir parler. Ils conférèrent longtemps ensemble et approchèrent toutes choses de l'accommodement. Néanmoins, pour plusieurs aspects, Monsieur le Connétable n'y voulut en conclure sans en avoir précédemment l'approbation du Roy et de son conseil". Ces pourparlers, comme ceux du 27 octobre, toujours à Reyniès, échouèrent.
"L'année suivante, le Duc de Vendôme s'approcha de Montauban pour mettre fin aux attaques et au pillage dont Monbrun se rendait coupable auprès de cette ville Celui-ci vint au devant des catholiques et les attendit à Reyniès dont il renforça la garnison de quelques mousquetaires, mais vivement attaqué par Vendôme, il tint ferme pour donner le temps à son infanterie de reculer , puis regagna Montauban. Le Duc n'osa pas les suivre plus loin, de peur de trop s'engager. Il revint sur ses pas et le détruisit de fonds en combles"
En réalité, un inventaire de 1623 retrouvé récemment à l'occasion du classement des archives prouve que la tour ouest était encore habitable et avait donc été épargnée par la destruction de l'année précédente.
La paix fut célébrée à Toulouse par diverses fêtes auxquelles De Reyniès parut avec éclat. Plus tard, en 1628, ce dernier fut assassiné dans les landes de Nérac.

Un château "Patrimoine historique"
Le château fut reconstruit vers 1650 sur les fondations du site initial. Curieusement, on édifie un château-fort, ce qui peut s'expliquer par le contexte de guerres civiles (la Fronde a duré de 1648 à 1653) provoquées, d'une part, par la fragilité du pouvoir royal (le roi Louis XIV est mineur et sa mère assure la régence) et d'autre part par la contestation ouverte de la noblesse et des parlementaires à l'égard de la politique de Mazarin. L'idée prévalait qu'en plus d'un souci de protection, devait perdurer un appareil militaire qui conserve une valeur emblématique, celle de la prééminence aristocratique.
C'est en 1786 que Etienne Seguin de La Tour, marquis de Reyniès, fait exhausser la bâtisse d'un étage, lui donnant ainsi la forme actuelle.
En 1974, le château a été inscrit à l'inventaire supplémentaire des Monuments historiques pour "ses toitures et façades".

Un château dans la même famille depuis douze générations
Douze générations d'une même famille se sont succédées comme propriétaires de ce château, avec cependant une brève interruption pendant la Révolution. En effet, à cette époque, les autorités municipales procèdent, comme le voulait la loi relative aux Biens Nationaux, à l'inventaire des possessions d'Etienne de Reyniès qui avait émigré en Allemagne en 1791. Ces minutieuses formalités qui durèrent cinq jours, du 24 au 30 avril 1792, firent traverser à son épouse, Marguerite de La Porte de Larnasol, femme d'une intelligence et d'une énergie rares, les pires moments de la Terreur. Pourtant, contrairement à ce qui se passa pour les émigrés des communes voisines, les biens recensés ne furent pas immédiatement liquidés. En effet, son beau-père, le baron de Larnagol, était un magistrat non émigré qui exerçait la Charge de Chevalier d'Honneur à la Cour des Aydes. Rompu à la procédure, il parvint à gagner du temps en désignant un fondé de pouvoir, Pierre Groussac, un laboureur à son service depuis des années. Ainsi, la dispersion des terres fut évitée.
Le 2 août 1796 (15 Thermidor An IV), à Toulouse, puisque la comune appartenaît à la Haute Garonne, les possessions furent mises en vente globalement en un seul lot. Les archives de l'adjudication ont été perdues. On ignore si elles ont été disputées. On sait en revanche, grâce au dossier d'indemnisation, que l'adjudicataire fut...la "Citoyenne La Porte", pour près de 120 000 francs, payables en assignats. L'opiniâtreté de cette femme, bien conseillée sans doute par le notaire local Géraud Martin-Lamothe, lui avait permis de récupérer l'essentiel de ses biens, à l'exception de meubles, linge de maison et habits mis à l'abri par Pierre Groussac dans sa demeure de Villebrumier qui furent saisis et vendus le 21 avril 1794 (8 floréal An II). D'ailleurs, sa fidélité à la famille De Seguin de Reyniès valut à ce serviteur zélé d'être emprisonné après un jugement du Comité de Surveillance du canton.

 
haut de page
page d'accueil   |   Copyright © 2000 Entre-Nous
 


journal | archives | équipe | e-mail | livre d'or | forum | photos
10 ans | cassette vidéo | abonnement | bric-à-brac | aide