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Peintures à la chaux
Les peintures et autres produits dits "à l'ancienne"
font actuellement un retour en force. Une mode écologique,
une recherche de ses racines traditionnelles ? Mais surtout il
s'agit d'une aubaine pour les marchands de peinture, qui vous
vendent au prix fort des produits simples et peu dispendieux au
départ. Un de ces produits est le badigeon à la
chaux, peinture peu chère (environ 60 francs le sac de
25 kilos de chaux CAEB ou CL 90), écologique (sans solvant
organique toxique), saine (son alkalinité détruit
de nombreux organismes), permettant un bon équilibre hygrométrique
des murs et évitant ainsi de nombreux désordres
dus à l'humidité. Et en plus, cette peinture est
très jolie ! Elle permet notamment d'apporter luminosité
et résistance aux enduits à la terre, fréquents
dans nos maisons villebrumiéraines.
Qu'est ce que la chaux ?
La chaux est obtenue par calcination d'une roche calcaire (carbonate
de calcium), issue de carrières exploitées un peu
partout en France. La calcination entraîne la formation
de chaux vive (oxyde de calcium) et de gaz carbonique. La chaux
vive est la base de l'ensemble des produits appelés "
chaux " et utilisés dans le bâtiment. Ce matériau
est toutefois très corrosif et dégage une forte
chaleur au contact de l'eau. Il n'est donc pas utilisé
tel que mais sous forme de chaux " éteinte ",
c'est-à-dire mélangée à de l'eau dans
un appareil appelé hydrateur puis réduite en poudre.
En fonction de la composition de la roche de départ, on
distingue deux types de chaux:
- la chaux aérienne, dite chaux grasse (" CAEB "
pour chaux aérienne éteinte pour le bâtiment
ou CL 90, chez les marchands de matériaux) ;
- la chaux hydraulique naturelle, dite chaux maigre (" NHL
" chez les marchands de matériaux).
(NB : se méfier de la NHL-Z qui est un mélange
à base de ciment)
Pour la peinture à la chaux, on utilisera la chaux aérienne,
qui peut se présenter sous trois formes :
- en cailloux (chaux vive, devant être éteinte avant
utilisation)
- en pâte
- en poudre (CAEB sus citée)
Les proportions données ci-après présupposent
l'utilisation de chaux en poudre (CAEB).
Les différentes peintures
Le chaulage (ou colature) permet de masquer les défauts
de l'enduit et de boucher les micro-fissures. Epais, il est rarement
coloré. On l'obtient en mélangeant un volume d'eau
pour un volume de chaux.
Le badigeon succède au chaulage pour la protection des
enduits. Il peut être légèrement coloré
et est composé d'un volume de chaux pour deux volumes d'eau.
L'eau-forte très fluide permet de réaliser des
effets de transparence et des finitions très colorées.
Il est possible, si on a coloré le badigeon, de jouer sur
les différences de ton pour donner un aspect moins homogène.
L'eau-forte contient un volume de chaux pour cinq volumes d'eau
(NB : ne pas confondre avec la technique de gravure).
La patine sert à uniformiser le support. Elle peut être
très colorée et permet différents effets
(éponge, rouleau, chaussette
). Elle est composée
d'un volume de chaux pour vingt d'eau.
En résumé, chaulage et badigeon modifie la couleur
et la texture des supports, alors que l'eau-forte et la patine
conservent la texture et ne modifient que la couleur. Il n'est
pas indispensable d'appliquer systématiquement l'ensemble
de ces techniques sur un même support : les concentrations
et le nombre de couches doivent être adaptées en
fonction des effets recherchés.
Un point important pour la peinture à la chaux est le
support : il doit être propre, dépoussiéré
et légèrement humide (mais non détrempé).
L'humidité du support facilitera la réaction chimique
nécessaire à la fixation de la chaux (carbonatation
par apport de gaz carbonique de l'air) et évitera les effets
de " poudrage ".
Comme les enduits, les peintures à la chaux craignent
jusqu'à séchage complet, les effets du soleil, du
vent, du gel et de la pluie. La pose ne sera donc possible qu'à
l'ombre, à l'abri du vent, entre 5 et 30 degrés.
La coloration
Pour colorer votre peinture, utilisez les pigments minéraux
(terre de sienne, ocre du Roussillon ou de Puisaye) qui ne palissent
pas au cours des ans et ne virent pas avec la chaux. Il est aussi
possible d'utiliser des oxydes de cuivre, de fer, de chrome ou
de cobalt, pour obtenir des teintes vertes, rouges ou bleues.
Attention : la teinte définitive n'est jamais celle du
pot, elle varie en séchant et selon le support. Il convient
donc de réaliser différents essais en pesant les
pigments et sur un support identique à celui que vous voulez
peindre et de préparer la quantité de peinture nécessaire
pour l'ensemble du chantier en une seule fois, pour éviter
les changements de teintes. Au delà d'une certaine quantité
de pigments, tout ajout complémentaire ne modifie plus
la couleur : la peinture est saturée en pigments. Plus
la concentration en chaux est faible, plus on pourra ajouter de
pigments avant saturation (au maximum 10 g de pigments pour 100
g de chaux en chaulage, 65 g pour une eau-forte).
On peut également ajouter à la peinture des adjuvants,
dont la limonade qui aide à la carbonatation de la chaux
et évite le poudrage (environ ½ litre pour 10 litres
de badigeon, à ajouter juste avant emploi), le vinaigre
qui accélère la prise et aide à la dispersion
des pigments (40 centilitres pour 10 litres de chaux), l'alun,
qui fixe les pigments (2 à 10 % du poids de chaux), du
liquide vaisselle (une petite giclée) qui aide à
la dispersion des pigments
Derniers conseils
Préparez vos peintures à la chaux la veille de l'application,
elles n'en seront que meilleures, et n'oubliez pas d'homogénéiser
en cours d'application en remuant régulièrement.
Les peintures se conservent tant qu'il reste de l'eau dans le
mélange.
A vos pinceaux !
Luc
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