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doléances | villebrumier
2000 | halloween | 20
ans
Cahier de doléances
des habitants de Nohic
En 1789, partout dans le pays, sont rédigés
des "Cahiers de Doléances" que les délégués
avaient pour mission de présenter aux Etats Généraux
réunis le 5 mai à Versailles.
On peut en consulter plusieurs aux Archives de Tarn et Garonne,
mais malheureusement, il n'en existe pas de connu concernant Villebrumier.
Entre-Nous publie un document relatif à Nohic où
sont contestés les privilèges de la Noblesse et
du Clergé et plus particulièrement les exigences
de l'Ordre de Malte auquel il est reproché sa rapacité
en matière de dîme et ses carences à propos
de l'entretien de l'église et du presbytère.
Les "Cahiers" d'Orgueil sont, en tous points, semblables
à ceux de Nohic, à ceci près qu'ils comptent
un quinzième paragraphe qui affirme la nécessité
de séparer les comptes de la Nation de ceux du Roi.
"Cahier de doléances plaintes et remontrances
de la communauté de Nohic en Languedoc, diocèse
et sénéchaussée de Toulouse pour être
présenté à l'assemblée de la dite
sénéchaussée, le 26 mars courant.
1- Est remontré qu'il doit être voté aux
délibérations des Etats Généraux par
tête et non par ordre, sans quoi, la faculté accordée
aux Tiers Etats d'assister aux Etats Généraux en
nombre égal à celui des deux privilégiés
serait inutile.
2- Qu'il doit être statué que toute espèce
de biens, fonds, rentes, dîmes et revenus soit nobles et
écclésiastiques, sans aucune distinction, contribueront
à toutes sortes d'imposition en proportion égale
aux fonds roturiers.
3- Que toutes personnes nobles et ecclésiastiques, notamment
celles de l'ordre de Malte, contribueront aussi à toutes
les impositions personnelles comme la capitation et autres, en
proportion de leur aisance et de leurs revenus, attendu que profitant
du bénéfice auxquels les sommes en provenant sont
employées, il est injuste qu'ils soient dispensés
de contribution.
4- Que la réformation de l'ordonnance criminelle doit
aussi être ordonnée, parce qu'il est juste qu'un
accusé ait connaissance des charges pour pouvoir instruire
ses défenseurs.
5- Que l'abolition des lettres de cachets doit aussi être
ordonnée, et que toutes personnes doivent être remises
entre les mains de leurs juges naturels et compétents dans
les vingt quatre heures après leur détention.
6- Que la suppression de tous les tribunaux d'exception doit
être ordonnée afin d'éviter aux particuliers
l'incertitude qu'ils ont très souvent du tribunal où
ils doivent s'adresser.
7- Que la réformation des états de la province
du Languedoc doit aussi être ordonnée, de manière
que ses administrateurs ne soient point à vie, ni à
titre de charge ni office, mais au contraire députés
par leur ordre, attendu qu'il résulte de l'administration
actuelle des vices très onéreux aux contribuables
par la faveur que les administrateurs accordent à des personnes
subalternes, notamment à des ingénieurs directeurs
et entrepeneurs, en même temps des ouvrages publics par
des personnes interposées dont il résulte une augmentation
forte sur les frais d'assiette et deniers extraordinaires à
la province, six fois plus forte qu'elle n'était il y a
trente ans et qui a tourné au profit des entrepreneurs
et ingénieurs qui ont fait des fortunes rapides et qu'on
voit rouler, avec indécence, dans des équipages
superbes.
8- Qu'il doit être aussi ordonné que l'entretien
et réparation des églises et maisons presbytérales
seront à la charge des décimateurs dont la portion
des fruits est quitte de tout frais de culture et de sémence.
9- Qu'on doit aussi établir le retour périodique
des Etats Généraux du Royaume sans le consentement
desquels et des cours souveraines, il ne pourra être établi
aucun impôt.
10- Que la suppression des gabelles doit être aussi ordonnée
attendu qu'elles sont très onéreuses à l'Etat
pour les frais immenses qu'occasionne l'entretien des employés
de toutes espèces dans cette partie et la ruine des familles
et la perte de nombre de particuliers que la misère force
à exercer le faux-saunage
(il s'agit de la contrebande sur le sel sur lequel pesait un impôt
: la gabelle).
11- Que tous les bureaux de l'intérieur du Royaume qui
gênent extrêmement le commerce et la circulation seront
reculés sur les frontières.
12- Que les décimateurs se prévalant de la nécessité
des particuliers vendent à un prix extraordinaire les pailles
provenant de leurs fonds et qui doivent servir à augmenter
leur production. Que cet abus doit être supprimé
et qu'il doit être ordonné que les pailles de la
dîme soient livrées par le décimateur au contribuable
à raison de dix sols le quintal poids de marc.
13- Qu'il doit être établi que la dîme n'aura
lieu que sur le blé, seigle, avoine et vin en non la dîme
sur les autres productions que certains décimateurs prétendent
avoir usurpé par prescription, au point qu'ils prétendent
avoir la dîme sur les objets qui servent à la nourriture
des bestiaux soit au grain, fourrage.
14- Que la suppression de toutes corvées et banalités
doit être aussi ordonnée comme étant une sorte
de l'ancien esclavage et du régime féodal. Fait
et arrêté, à l'assemblée de la Communauté
du dit lieu de Nohic, le dix-septième de mars mil sept
cent quatre vingt neuf ayant signé ceux qui ont feu."
Paragraphe supplémentaire figurant sur
le Cahier d'Orgueil :
15- Qu'il doit être statué que la Nation payera
ses propres dettes et que sa caisse sera séparée
de celle du Roi.
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