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2000 | halloween | 20
ans
Le deuil
Le mois de novembre est celui du souvenir,
des visites aux cimetières de plus en plus fleuris, où
le culte des morts reste toujours aussi fort.
Les siècles passent mais les sentiments demeurent et
la perte de nos êtres chers est toujours aussi douloureuse.
Cependant les coutumes se transforment et également la
façon de vivre un deuil.
Autrefois, lorsqu'une personne décédait, tout un
cérémonial se déclenchait à la maison,
chez les voisins, au village, on arrêtait les pendules,
on couvrait les miroirs, on fermait tous les volets de la maison
mortuaire ; les proches voisins se réunissaient et s'organisaient
pour les invitations, les veillées du défunt. Les
femmes assuraient les repas, surtout celui du jour des obsèques.
Certains invités venaient de loin à cheval, à
bicyclette et devaient donc se restaurer avant de repartir. Le
menu traditionnel se composait d'un pot au feu, de haricots, de
fromage.
Au village, les cloches sonnaient le glas à chaque angelus
jusqu'aux obsèques ; à la tombée de la nuit,
deux ou trois voisins partaient "inviter" les gens du
quartier à l'enterrement. Le voisinage du défunt
était donc bien occupé mais les travaux des champs
pouvaient bien attendre quelques heures ! Cette participation
à un événement familial était une
marque de sympathie, une sorte de convivialité, de respect
même. C'étaient encore quelques voisins qui assuraient
le transport du cercueil placé sur le corbillard, et suivi
du drap mortuaire noir, tenu à chacun des coins par quatre
hommes ou quatre femmes selon le sexe du défunt et parfois
même par quatre enfants ; le drap était alors blanc
piqué de feuillage et de fleurs blanches.
Quant à la tenue vestimentaire, le noir était de
rigueur pour la famille en deuil : les femmes portaient un voile
noir qui, fixé à leur chapeau, était rabattu
sur leur visage ; les hommes épinglaient une bande de tissu
noir au revers de leur veste et ces accessoires complétaient
leurs tenues de sortie pendant environ six mois !
Pendant cette période de deuil, peu de sorties pour la
famille et pour les jeunes particulièrement, plus de bals
(et c'était alors la seule distraction au village !), les
réunions et les repas de fête étaient également
très réduits.
Le "noir" restant toujours obligatoire, on teignait
les vêtements clairs en les trempant dans une teinture,
si l'on n'avait pas les moyens de renouveler la garde-robe ; ou
bien on confiait à un teinturier professionnel, en ville,
dont la vitrine portait quelquefois l'inscription : "Deuil
en vingt quatre heures"!
Venait ensuite la période de "demi-deuil" (les
six mois suivants). Les femmes quittaient le grand voile noir
et le remplaçaient par une "pointe de crêpe",
plus gracieuse ; quelques garnitures blanches venaient égayer
les toilettes. On pouvait "ressortir" un peu, mais le
moins possible jusqu'à l'anniversaire du décès
(lou cap de l'an). Tant et si bien que si un autre aïeul
décédait peu après, la jeunesse pouvait se
passer bien tristement, et nous avons connu nos mères toujours
habillées de noir ! (dire qu'actuellement c'est la mode
pour les jeunes!).
Les coutumes ont bien changé, les pompes funèbres
assurant les services. Mais si les marques extérieures
associées à ces périodes de la vie sont moins
rigides, plus naturelles, ceux qui quittent cette terre laissent
de grands vides !
Denise et Georgette
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