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A la rencontre de talents locaux

Il écoute les SOS Mr Deguines, cette fois, nous fait connaître ses activités au sein de l'association départementale
"SOS Ecoute 82" dont il est le président.

Entre-Nous : Comment avez-vous choisi cette occupation ?
G. Déguines : Pour vivre ma retraite sans trop me replier sur moi-même, j'ai voulu me rendre utile et, après avoir cherché parmi les activités susceptibles de me convenir, je rencontrais le fondateur de SOS Ecoute 82 ; celui-ci me présentait son association entièrement vouée aux autres.

Quelle a été alors le démarche suivie, car on ne devient pas, je suppose, membre actif d'une telle association sans réflexion ?
Bien sûr, un temps d'hésitation et donc de réflexion précéda mon engagement éventuel car, je devais subir des tests très sélectifs, d'ailleurs, cela se conçoit. Enfin, j'étais engagé comme "écoutant" et je devenais également secrétaire de l'association avant d'en avoir la présidence.

Peut-on résumer les qualités requises de l'écoutant qui devra recevoir des appels nombreux, variés, inattendus...
L'écoutant doit savoir "écouter" : c'est son rôle essentiel, et ce, dans l'anonymat, dans le plus grand respect de la personne qui appelle et, en toute "pureté d'intention" : tout profit individuel ou au bénéfice de quelque mouvement que ce soit, doit être exclu du comportement de l'écoutant. Toute considération religieuse, politique, philosophique ne doit jamais se lier à l'écoute. De même aucun aspect commercial ne peut être pris en compte ; l'écoutant reste libre de ses opinions mais n'a pas le droit de les exposer.
Notre rôle, nous, écoutants, est d'essayer, par le dialogue, téléphonique toujours, de dédramatiser les situations, sans analyser, de ramener le calme dans les esprits apeurés, meurtris ; c'est une manière proposée pour aider à lutter contre le stress, les angoisses profondes, les tentations de suicide et tout le cortège qu'engendrent parfois les difficultés de la vie.

Vous parlez donc avec votre "coeur" pour soutenir les "appelants" qui dévoilent leurs problèmes à quelqu'un qu'ils ne connaissent pas, se libérant dans un premier temps au cours d'un dialogue qui se veut amical et en dehors de tout professionnalisme.
Oui, notre présence à l'écoute se veut rassurante : nous donnons un peu d'espérance et de force pour que l'appelant continue son chemin ou en trouve un autre ; calme et sérénité lui sont nécessaires pour une telle démarche. Nous avons rassemblé une documentation concernant différents services vers lesquels nous pouvons orienter une demande, mais nous ne le faisons que si l'appelant le demande.

Qu'entend-on à l'écoute ?
Tout. Tout ce que le monde peut contenir de douleurs. Douleurs physiques des malades handicapés, douleurs psychologiques des personnes seules, veuves, divorcées, célibataires, laissés pour compte. Douleurs de ceux dont le couple est au bord de la rupture ; douleurs face aux grands problèmes de notre temps... douleur face à la peur source de toutes violences...
Rien n'est épargné aux oreilles des écoutants. Ecoutant parfois qui ne sait plus où il en est, inquiet de ce qu'il a dit ou n'a pas dit ; situation pénible qu'il faut surmonter par l'esprit d'équipe et le soutien qui se retrouvent au sein du groupe des "écoutants".

Avez-vous des réponses, des nouvelles de la part de ceux qui vous ont sollicité ?
Quelquefois... mais peu.
Nous n'essuyons pas toutes les larmes certes, nous n'évitons pas tous les suicides, mais de temps en temps, un appelant nous rappelle pour dire : "Merci, si je suis encore là, c'est grâce à vous...".

Dans quelles tranches d'âges, vos appelants se placent-ils ?
Dans toutes ; depuis l'enfant souffrant de solitude après le départ des ses parents, les adolescents et jusqu'aux résidants de Maison de retraite même ; avec ces derniers nous restons très conciliants, prudents et objectifs.

Nous admirons un tel dévouement, moral, physique, toujours en bénévolat et prenons conscience, en vous écoutant de la solidité morale dont vous devez faire preuve.
Oui ; de plus notre rôle n'est pas établi un fois pour toutes, il y a une remise en question permanente et une évolution nécessaire pour faire face aux nouveaux problèmes de la vie, de la société...
Mais nous programmons dans nos plannings des "congés d'écoute" qui nous permettent quelquefois de "souffler un peu".
Il y a également des techniciens (psychologues, psychiatres, responsables d'association de lutte contre l'alcool, la drogue, les dépressions...) qui nous aident à évoluer. Des périodes de formation et des réunions d'écoutants nous permettent de discuter des façons d'aborder tel ou tel problème.

Combien d'heures par semaine consacrez-vous, environ, à votre rôle d'écoutant ?
On n'éxige rien, on souhaite 3 permanences par mois plus une réunion d'information pour chaque écoutant, ce qui exige environ 4 heures par semaine. L'association compte une vingtaine d'écoutants.
Les écoutes sont programmées de 17 h à minuit tous les jours et, à tour de rôle, les écoutants sont présents dans les locaux de notre association.
En 1999 nous avons assuré 2555 heures de disponibilité et, avec les dépassements d'horaires, ce sont 3000 heures consacrées aux appelants.
Mais entre minuit et 17 heures il y a autant d'appels qui restent sans réponse. Malgré nos difficultés financières et de recrutement, nous allons envisager la création d'une plage d'écoute dans la journée.

Quelques chiffres significatifs :

1995 : 3566 appels
1996 : 4482 " "
1997 : 6172 " "
1998 : 7270 " "
1999 : 9243 " "

Aussi impressionnant soit-il, ce nombre d'appels ne doit pas laisser penser que Montauban est un "point noir". Certains appelants disent appeler de Toulouse, Tarbes, Auch, Albi et même de départements plus éloignés.
L'augmentation du nombre d'appels se justifie par les difficultés grandissantes qui se rencontrent, mais aussi par la crédibilité apportée à l'association.
Depuis sa création en novembre 1989, 45419 fois nous avons répondu : "Ecoute 82, bonsoir".

Comment votre association fonctionne-t-elle financièrement ?
"SOS écoute 82" ne peut fonctionner qu'avec des subventions et des dons ; et plus le nombre d'appelants augmente, plus les besoins financiers se manifestent : secrétariat, téléphone, courrier, organisation de certaines manifestations comme le forum de la santé cette année, rétribution des intervenants pour les formations...

En vous remerciant vivement de nous avoir accueillis, nous vous adressons toutes nos félicitations pour le travail, le dévouement et la compétence déployés au sein d'une association venant au secours des misères qui nous entourent.

Propos recueillis par Georgette

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