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EN n°46 > Fête au village (2ème partie)

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Fête au village, il y a un demi siècle...

[ 2ème partie ]

Le dimanche
Rude journée pour les musiciens! Dès 8 heures, ils suivaient à pieds le comité des fêtes qui distribuait les bouquets dans le village. A chaque maison, ils jouaient un petit morceau dédicacé. Ainsi je me souviens que ma mère, originaire du Limousin avait droit à la bourrée et que Marie-Louise BARTHÉLÉMY, originaire de Belgique, écoutait religieusement "Le petit Quinquin". Puis à 10 heures et demi, un musicien ou deux (en général le trompettiste) participaient à la grand messe en jouant quelques morceaux. Dès la fin de l'office, rendez-vous au café pour l'apéritif dansant. On ne dansait presque pas mais l'orchestre jouait sans arrêt, couvrant difficilement le brouhaha des consommateurs. Enfin un peu de repos pour les musiciens qui allaient prendre leur repas à la "Pension de famille", chez LEBON.
Le village maintenant se retrouvait désert, mais pas silencieux car, dans chaque famille, on avait mis "les petits plats dans les grands". De nombreuses cuisinières avaient porté leurs volailles à rôtir chez le boulanger et le fournil de Charles COGOREUX embaumait le pain chaud et l'oie grillée. Les familles se reconstituaient le temps d'une journée, les amis des villages voisins étaient venus participer aux agapes. La nourriture, peut-être pas très diététique, se révélait drôlement savoureuse et les éclats de voix s'échappant des maisons indiquaient que certains avaient un peu abusé du "vin bouché".
En fin d'après-midi, le bal reprenait jusqu'à la nuit puis après un arrêt pour le repas, continuait jusqu'au petit matin. Les danseurs, infatigables, tournaient la valse, enchaînaient tangos et passos.
Autour le la piste, les quelques stands de forains étaient bien fréquentés. A la loterie, les corbeilles d'osier remplies de petits papiers enroulés et maintenus scellés par un minuscule anneau, attendaient les acheteurs. Impossible de savoir qui gagnerait la série de casseroles en aluminium, un des gros lots. Le plus souvent on repartait avec un verre ou une babiole, mais il était toujours possible d'échanger le cadeau non désiré pour un cadeau équivalent.
Au stand de tir, les hommes, un peu émêchés se lançaient des défis. Il s'agissait de casser des pipes en terre ou de faire un score maximum sur une cible. Mais le maladroit vous expliquait d'un air sentencieux que le patron du tir, un fameux requin, avait tordu les canons des carabines afin que les tireurs ne gagnent pas trop souvent. Les vainqueurs, un peu sadiques, trouvaient, eux, que les carabines étaient parfaites. Les défis les plus fameux attiraient, pour quelques minutes, une foule de badauds qui commentaient les faits et gestes des deux protagonistes. Le duel se terminait en général sur la terrasse d'en face devant une bonne bouteille.
Le "tape-cul" attirait plutôt les garçons et pas uniquement les plus jeunes. C'était un manège extrêmement dangereux : vous étiez assis dans une petite nacelle suspendue par des chaînes au toit du manège. Ce toit se mettait à tourner très vite et la force centrifuge vous soulevait jusqu'à l'horizontale. Le jeu consistait à attraper celui ou surtout celle qui était devant vous et d'entortiller les chaînes. Un accident dû à une rupture d'une chaîne eut d'ailleurs lieu une année à Villebrumier le premier jour de la fête. Le manège fut fermé pour la durée des festivités et, à ma connaissance, il ne revint plus chez nous.
Le manège de chevaux de bois attirait les plus petits. C'était un antique manège encore bien conservé, avec ses petits cochons roses qui montaient et descendaient et son pompon qu'il fallait attraper pour gagner un tour gratuit.
Une anecdote
Je devais avoir six ou sept ans. Un invité de mes parents, grand seigneur, me fit un cadeau royal : il négocia avec la propriétaire du manège un ticket valable pour toute la durée de la fête. Il me l'offrit au repas de midi. Muni du précieux sésame, j'attendis avec impatience le démarrage de l'attraction. Dès le premier tour de manège je me juchai sur un fringant destrier et ne le quittai plus de tout l'après-midi. Ce sont mes parents qui étaient contents! : plus la peine de me surveiller. Ma seule frustration était que la patronne évitait soigneusement de laisser à portée de ma main le pompon de soie qui permettait, quand on l'attrapait, de gagner un tour gratuit. Comme je m'en plaignais, elle me fit comprendre qu'il ne me servirait à rien. Elle n'avait donc rien compris.
Vers sept ou huit heures, ma mère réussit enfin à me faire descendre de l'infernal engin : je n'arrivais plus à marcher droit, je décrivais de larges cercles sous les regards horrifiés des passants qui se figuraient que j'étais ivre et pour la plus grande honte de mes parents. Le soir venu, je laissai le précieux ticket au fond de ma poche : j'étais vacciné!
Le lundi

La grande affaire du matin, c'était le concours de pêche. Rendez-vous pour tous, à 10 heures devant le café. Les pêcheurs "d'occasion" femmes, enfants, néophites, plaisantins, étaient beaucoup plus nombreux que les vrais pêcheurs. Derrière l'orchestre jouant des marches entraînantes, la foule des pêcheurs se dirigeait vers le Tarn. Chacun cherchait le poste qui lui avait été attribué et essayait de démêler la ligne ou d'accrocher la "rougeanne" qui allait servir d'appât. Une "bombe", gros pétard assourdissant, explosait sur le pont et donnait le signal de l'ouverture des hostilités. Les "Contrôleur, un poisson !" annonçaient les prises aussitôt enfilées sur le fil de fer surmontant le piquet où était inscrit le numéro du concurrent. Cris, plaisanteries, quolibets fusaient tout au long de la rive en attendant qu'une seconde explosion arrête le massacre. Puis, tous ensemble, en cortège derrière l'orchestre, ce petit monde revenait au café où l'on pouvait évidemment se désaltérer en attendant les résultats.

L'après-midi, des jeux étaient organisés pour les enfants. Ils se déroulaient au milieu de "la piste", le vélodrome en terre battue, à l'emplacement de l'actuel groupe scolaire. Au milieu du pré central, un mât avait été dressé. Tout en haut était suspendu un cercle de barrique où étaient attachés saucissons, bouteilles et autres lots. Pour corser la difficulté, on avait savonné le mât. Les jeunes gaillards s'attaquaient à son ascension sous les encouragements bruyants de la foule des gamins. Quand un champion arrivait à ses fins et redescendait, son lot serré entre les dents, tout le monde l'applaudissait : le roi n'était pas son cousin!
Pour les autres, garçons et filles, des jeux divers se déroulaient, course en sacs, course à cloche-pied, jeu de la pomme (une pomme flotte dans un baquet plein d'eau; il faut l'attraper avec les dents), course à la cuillère (il faut courir en tenant une cuillère entre les dents, celle-ci contenant un oeuf que l'on doit ramener intact) .
Tous ces petits jeux étaient récompensés par des bonbons et des sucreries, ce qui suffisait largement à notre bonheur.
Le soir, un dernier bal, plus intime car fréquenté presqu'exclusivement par les habitants de Villebrumier clôturait ces trois jours de festivités, de bombance, d'agitation, de bruit et de liesse. Le village pouvait enfin retrouver son calme habituel.

Bernard

P S : Lecteurs, si vous avez des souvenirs, des anecdotes concernant les fêtes au village dans l'ancien temps, faites-les parvenir à Entre-Nous. Nous nous ferons un plaisir de les publier.

 
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