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EN n°54 > Oiseleur

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L'oiseleur et ses appeaux

Pendant mon enfance, avant la Deuxième Guerre Mondiale, je passais une partie de mes vacances chez mes grands parents maternels à Nohic. Le grand père était propriétaire terrien et régisseur dans un domaine viticole de Fronton. Il exerçait surtout par passion, pendant ses loisirs, le métier d'oiseleur. Il possédait tout un matériel pour la capture des oiseaux : des filets confectionnés par lui même, de nombreux lacets de crin de cheval montés sur une tige de bois, de la glu à placer sur les petites branches et les feuilles.
Pour attirer les différents oiseaux, il possédait tout un attirail d'appeaux, de forme et de taille différentes, fait de matériaux divers , métal, cuir, bois, pour imiter le cri de l'alouette, de la grive, du rossignol et de la perdrix.
Les appeaux étaient des pièces comme des sifflets , en métal ou en bois travaillé. Par exemple, c'était dans l'assemblage des pièces que résidait tout l'art du fabricant : la pose d'un sifflet sur une pièce de bois tourné et la fixation d'un caoutchouc moulé reproduiront les notes flûtées et mélodieuses de la grive. Les appeaux étaient indispensables à l'oiseleur pour attirer les oiseaux .
J'assistais avec mon grand père à la pose des pièges, des filets dans les rangées de souches de vigne, pour neutraliser la grive ou l'alouette dans ses mailles. Dans un sillon garni de grains, mon grand père plaçait à intervalles réguliers des lacets qui se confondaient avec la terre et l'herbe pour attraper différents passereaux.
En période hivernale, pendant les grands froids, un engin était utilisé avec un cadre au fond grillagé. Ce piège, maintenu relevé par un bout de bois, était relié à une corde qui sera manœuvrée à distance. Pour appâter et amener les oiseaux sous le cadre, on y plaçait des grains et de la mie de pain.
En outre, quelques pièges à ressort se vendaient aussi dans les quincailleries, mais c'était un achat trop onéreux pour nous, les enfants. Mon grand père vendait ses captures à des particuliers fidèles dans ce commerce.
Après la fin de la guerre 1939/45, ce genre de chasse aux oiseaux a disparu dans notre région.
Le grand père maternel de mon épouse, habitant également à Nohic, était aussi oiseleur en plus de son travail aux champs. Sa principale cliente était Madame de Marigny Il livrait au château les oiseaux capturés vivants à l'aide de filets à mailles fines. Dès l'arrivée, la femme faisait ouvrir les cages pour que les oiseaux s'envolent dans le parc. Combien d'entre eux restaient là ? Il est fort probable que la plupart retournaient bien vite vers les lieux de nidification jusqu'à une prochaine capture que le grand père ramènerait encore…
Cette histoire a bien amusé Arlette quand son grand-père la lui a racontée.

Yves

 
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