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L'oiseleur et ses appeaux
Pendant mon enfance, avant la Deuxième Guerre Mondiale,
je passais une partie de mes vacances chez mes grands parents
maternels à Nohic. Le grand père était propriétaire
terrien et régisseur dans un domaine viticole de Fronton.
Il exerçait surtout par passion, pendant ses loisirs, le
métier d'oiseleur. Il possédait tout un matériel
pour la capture des oiseaux : des filets confectionnés
par lui même, de nombreux lacets de crin de cheval montés
sur une tige de bois, de la glu à placer sur les petites
branches et les feuilles.
Pour attirer les différents oiseaux, il possédait
tout un attirail d'appeaux, de forme et de taille différentes,
fait de matériaux divers , métal, cuir, bois, pour
imiter le cri de l'alouette, de la grive, du rossignol et de la
perdrix.
Les appeaux étaient des pièces comme des sifflets
, en métal ou en bois travaillé. Par exemple, c'était
dans l'assemblage des pièces que résidait tout l'art
du fabricant : la pose d'un sifflet sur une pièce de bois
tourné et la fixation d'un caoutchouc moulé reproduiront
les notes flûtées et mélodieuses de la grive.
Les appeaux étaient indispensables à l'oiseleur
pour attirer les oiseaux .
J'assistais avec mon grand père à la pose des pièges,
des filets dans les rangées de souches de vigne, pour neutraliser
la grive ou l'alouette dans ses mailles. Dans un sillon garni
de grains, mon grand père plaçait à intervalles
réguliers des lacets qui se confondaient avec la terre
et l'herbe pour attraper différents passereaux.
En période hivernale, pendant les grands froids, un engin
était utilisé avec un cadre au fond grillagé.
Ce piège, maintenu relevé par un bout de bois, était
relié à une corde qui sera manuvrée
à distance. Pour appâter et amener les oiseaux sous
le cadre, on y plaçait des grains et de la mie de pain.
En outre, quelques pièges à ressort se vendaient
aussi dans les quincailleries, mais c'était un achat trop
onéreux pour nous, les enfants. Mon grand père vendait
ses captures à des particuliers fidèles dans ce
commerce.
Après la fin de la guerre 1939/45, ce genre de chasse aux
oiseaux a disparu dans notre région.
Le grand père maternel de mon épouse, habitant également
à Nohic, était aussi oiseleur en plus de son travail
aux champs. Sa principale cliente était Madame de Marigny
Il livrait au château les oiseaux capturés vivants
à l'aide de filets à mailles fines. Dès l'arrivée,
la femme faisait ouvrir les cages pour que les oiseaux s'envolent
dans le parc. Combien d'entre eux restaient là ? Il est
fort probable que la plupart retournaient bien vite vers les lieux
de nidification jusqu'à une prochaine capture que le grand
père ramènerait encore
Cette histoire a bien amusé Arlette quand son grand-père
la lui a racontée.
Yves
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