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Soirées estivales dans le village
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estivales
Article du "Journal du Palais"
| La taupe | Recette
d'Andrée
Soirées estivales dans le
village
Avant la guerre de 39-45, tout enfant je passais une grande partie
de mes vacances d'été, chez ma grand-mère
paternelle à Villebrumier. Elle tenait une épicerie,
rue Haute ; cette artère particulièrement animée
par la présence de nombreux commerces, la boulangerie Cogoreux,
le café Mataly, les salons de coiffure de Carmen Petit
et François Barhélémy.
Quelques familles seulement possédaient un poste T.S.F,
la télévision n'avait pas encore fait son apparition
pour réunir la famille devant le petit écran.
Les soirs d'été, après de chaudes journées,
on sortait dans la rue pour prendre le frais, frais bien relatif
car la chaleur accumulée pendant la journée dans
les trottoirs et la route goudronnée était restituée
le soir.
Vers 20h30, les habitants des différentes maisons de la
rue rejoignaient un banc ou sortaient un siège pour s'installer
sur le trottoir devant leur maison. Entre la maison de ma grand-mère
et le voisin immédiat il y avait un banc installé
à demeure ainsi que devant le café Mataly et la
boulangerie Cogoreux et chaque groupe se formait suivant sa préférence.
Sur le banc du café s'installaient en principe les jeunes
gens de Villebrumier. Les garçons et les filles chahutaient
et riaient bruyamment ; sur les autres bancs et les chaises apportées,
des personnes âgées, des mères de famille
avec leurs enfants ainsi que les petits enfants. La conversation
se déroulait, sur des sujets les plus divers, les dernières
nouvelles du village ainsi que l'actualité nationale.
Je vous cite une anecdote de mémoire :
A cette époque les relations de bon voisinage existaient
fortement. Un soir, il y avait sur le banc habituel, un couple
de retraités, des voisins immédiats et des enfants
qui se trouvaient assis sur le trottoir. Ma grand-mère
possédait un petit chien appelé RIP qui venait s'asseoir
devant ce groupe de personnes. Le défaut de cet animal
était d'être nanti de nombreuses puces. Un adolescent
espiègle de notre bande décida de faire une farce
à ce retraité assez susceptible. Il prit donc des
puces sur le chien et les glissa délicatement dans le cou
de sa victime. Au bout d'un moment ce dernier se mit à
se trémousser, ne dit pas un mot et vers 23h se retira
avec son épouse dans sa maison pour aller au lit.
Le lendemain ma grand-mère demanda à ce monsieur
s'il avait passé une bonne nuit. Il répondit : "Ne
m'en parlez pas, j'ai passé une nuit affreuse, piqué
par des puces et obligé de changer de chemise, les draps
du lit et faire la chasse à ces bêtes". Ma grand-mère
ne dit mot, mais elle avait compris que c'était les enfants
qui avaient dû lui faire une blague.
Les soirs du mois d'août, les éphémères
insectes volants (la manne) en provenance du Tarn, dont la larve
était bien connue des pêcheurs pour servir d'appâts,
menaient leur sarabande autour des lampes d'éclairage public.
Au bout de quelques heures, ils tombaient morts sur le sol pour
former un beau tapis blanc.
Pendant les soirées, les enfants jouaient à cache-cache
dans le Communalet et se poursuivaient dans la rue en poussant
de grands cris. Vers 23h, c'était le repli général
pour rejoindre sa maison respective et aller au lit, après
avoir souhaité à la ronde une bonne nuit.
Dans le Communalet, les boulistes habituels continuaient leurs
interminables parties de boule lyonnaise.
Yves
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