Les noms de varitétés des plantes
de la fantaisie... à la rigueur
La sélection des plantes cultivées est
aussi vieille que l'agriculture : des paysans, puis des
sociétés familiales puis internationales, ont
successivement et/ou conjointement assuré cette mission, avec un
remarquable succès d'ailleurs, puisqu'on estime que plus de 50%
des augmentations de rendements de nos cultures sont dues à la
sélection variétale et aux semences de qualité,
courroie de transmission de ce progrès génétique.
Il est intéressant de suivre dans le temps
l'évolution des dénominations des variétés
commercialisées. Initialement, les noms des
variétés se rapportaient à leur lieu d'origine et
de sélection et/ou à leurs caractères
morphologiques ou culturaux :
- blé : inversable de Bordeaux ;
- carotte : Chantenay à cœur rouge ou de Colmar à cœur rouge
- cornichon : vert petit de Paris ;
- épinard : monstrueux de Viroflay ;
- fève : de Séville à longue cosse ;
- haricot : Soissons nain à gros pied ou
triomphe de Fercy ou coco de Prague à langue de feu ;
- laitue : craquerelle du Midi ou frisée de Beauregard ou têtue de Nîmes ;
- poireau : bleu de Solaise ;
- pois : douce Provence ;
- mâche : coquille de Louviers ;
- oignon : cuisse de poulet du Poitou ;
- piment : petit marseillais ou piquant d'Algérie ou sucette de Provence ;
- maïs : grand roux des Landes
Quand le nom n'était choisi que d'après les formes ou les
couleurs, les sélectionneurs faisaient souvent assaut
d'imagination et de fantaisie, voire d'humour coquinasson…
- céleri : boule de marbre ;
- laitue-chicorée : grosse pommant seule ;
- chou-fleur : merveille des quatre saisons ;
- courgette : blanche non coureuse ;
- haricot : rognon de coq ou roi des beurres ;
- laitue : feuille de chêne blonde
à graines noires ou blonde lente à monter ou grosse
blonde paresseuse ou grosse blonde d'hiver ou passion blonde à
graines blanches ou kinemontepas ;
- pois : corne de bélier ou plein le panier ;
- radis : demi-long écarlate à
très petit bout blanc ou rond rosé à très
grand bout blanc ou noir gros long d'hiver ;
- chicorée : casque d'or ;
- haricot : œil de perdrix ;
- laitue : rouge oreille de diable ;
- 4 tomate : cerisette brin de muguet ou téton de Vénus jaune.
Certaines de ces anciennes variétés
sont encore présentes dans nos jardins. Depuis quelques
années, ces fantaisies n'ont, hélas, plus cour. Les
services "marketting" recherchent des noms de variétés de
trois ou quatre syllabes maximum, se terminant de
préférence en "a" comme Tiara, Prima, Sa…, ou en
"o" comme Emergo, Ringo, ou encore en "is" comme Resis,
Solaris…, noms faciles à mémoriser et
compréhensible dans plusieurs langues.
Parfois, on associe le nom de l'obtenteur et un
numéro en relation avec la précocité de la
variété. La maïs en est un bon exemple avec
"Wisconsin 44-17", un des premiers grands hybrides tardifs
américains d'après-guerre qui a connu un grand
succès dans notre région. On trouve aussi "Inra 250" et
"L.G. 11", très grands hybrides français des
années soixante qui ont permis de cultiver le maïs dans le
Nord de la France et de l'Europe.
Maintenant, pour les plus grandes
sociétés de semences dont le monde est le marché,
il est très difficile de trouver, pour leurs nombreuses
variétés, des noms adaptés partout, lisibles dans
toutes les langues. C'est ainsi que les plus grands semenciers mondiaux
en sont arrivés à donner à leurs
variétés des noms de code associant chiffres et lettres :
"Tournesol LG 56 65", "PR64 H 42", "Blé dur PR 22 D 40", etc.
Facile à gérer ! Mais où sont nos fantaisies d'antan ?
Jean-Michel Audy
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