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Les gravières RUP à Nohic
Les habitants de Villebrumier voient passer, quelques fois à grand fracas, les camions de l’entreprise Rup qui empruntent les départementales pour la livraison de granulats. Ils ne traversent notre village que dans le sens du retour vers leur base de Nohic, à vide, en raison de la limitation à 16 tonnes du pont suspendu.
Ouvertes il y a 20 ans par la société Rup, les gravières de Nohic ont au fil des années façonné le paysage de la plaine du Tarn en face de notre village. Après avoir exploité une première concession de 28 hectares, la société a obtenu l’autorisation de poursuivre l’exploitation sur un nouveau périmètre d’environ 35 hectares qui maintiendra l’activité du site pour peut-être jusqu’à 2030. La plaine du Tarn à cet endroit est en effet riche en granulats alluvionnaires. Sous une couche superficielle de 1m à 1,50 m de terre végétale, se trouve un manteau de graviers et galets de 4m d’épaisseur, issus de l’érosion des collines et montagnes en amont et déposés par la rivière au cours des millénaires. Ces granulats ont des propriétés bien adaptées à la confection de bétons de qualité destinés à la construction comme habitations, locaux d’activité ou ouvrages de voirie… Ils sont aussi utilisés, le plus souvent après concassage, pour la réalisation de travaux publics, de revêtements routiers ou d’aires empierrées. L’extraction est précédée d’un décapage de la terre de surface que l’on conserve en périphérie sous forme de merlons protégeant un peu de la vue et des nuisances sonores, et gardée pour revégétaliser le site en fin d’exploitation. L’extraction proprement dite est faite par de puissants tracto-pelles capables de creuser sous le niveau de la nappe phréatique. Les granulats sont amenés à l’usine de traitement où ils seront lavés et criblés en différentes granulométries. Pour économiser l’usage et les nuisances de véhicules lourds et gourmands en carburant, la société Rup a investi dans un système de convoyage par bande, avec motorisation électrique; ce qui permet en outre le franchissement d’une route. La production est stockée en de nombreux tas sur le site, véritables petites montagnes claires visibles à distance. Cela va du sable fin à des galets de 40 à 80 mm de dimension. Les sous-produits de lavage, les limons, sont décantés en bassins, puis mis à sécher, et ils seront utilisés comme remblai ou en apport agricole. En fonction de la demande des clients, les sables et graviers sont repris et chargés sur camions-benne ou camions-toupie à béton pour être livrés après pesée sur un grand plateau bascule. La société Rup assure elle-même avec ses propres véhicules une partie des livraisons. Le reste des livraisons est pris en charge soit par des transporteurs indépendants soit par les clients eux-mêmes. Sur le site de Nohic, la production de granulats est d’environ 60 à 80.000 tonnes par an et emploie sept salariés. La société Jean Rup & Fils est, dans sa spécialité, une des entreprises les plus importantes du Tarn-et-Garonne. En plus du site de Nohic, elle exploite deux gravières à Castelsarrasin, où elle a son siège social, et une autre à Escatalens. Elle gère aussi une carrière de calcaire à Villesèque, dans le Lot, et deux centrales à béton, l’une à Beaumont de Lomagne et l’autre à Castelsarrasin. Fondée en 1965 par Jean Rup, père de l’actuel dirigeant Jean Philippe Rup, elle a bien grandi et est restée une entreprise familiale solide et bien gérée. En 2007- 2008, son chiffre d’affaires a atteint 11 millions d’euros; elle emploie 45 salariés. Son activité exige des moyens industriels très importants, très sollicités: installations fixes de criblage, de lavage et de transbordement, véhicules de transport, gros engins de travaux publics…. Le métier d’exploitant de gravière a bien évolué au cours des récentes décennies. Les exigences environnementales et administratives ont été bien renforcées. L’ouverture d’une nouvelle exploitation implique de nombreuses étapes : acquisition des terrains, avis ou accord de la commune en fonction de la compatibilité avec le Plan Local d’Urbanisme, réalisation d’une étude détaillée montrant tous les aspects du projet (productions, destination des produits, cartes, études de sol, impact sur l’environnement, dangers, sécurité du personnel, plan de réaménagement du site en fin d’exploitation…), information et enquête publique, protection des sites, examen du projet par la Commission Départementale des Carrières, qui émet un avis, et, finalement, décision du Préfet. Tous les projets doivent être en cohérence avec le Schéma Départemental des Carrières, qui fait partie des documents de référence sur l’aménagement du territoire. La consommation de granulats est très importante et atteint, pour le département du Tarn-et-Garonne, 4 millions de tonnes par an. La production moyenne de granulats est, en France, d’environ 8 tonnes par habitant et par an, c’est considérable. Elle suit le rythme des constructions et des programmes d’urbanisation. La plus grande partie de cette production est absorbée par les travaux publics menés sous la maîtrise d’ouvrage des collectivités territoriales. La région de Toulouse et du sud de Montauban est particulièrement active sur ce point, et la demande en granulats est particulièrement forte, malgré une baisse observée ces derniers mois en raison de la chute des mises en chantier de construction et du ralentissement hivernal des travaux. Compte tenu des difficultés et des barrières mises à l’extension des carrières actuelles ou à l’ouverture de nouvelles, les ressources en granulats pourraient s’avérer insuffisantes dans l’avenir dans notre région. Les concessions sont accordées en général pour une durée de vingt ans, sous la condition de respecter l’engagement de restituer le site à la fin d’exploitation selon un schéma d’aménagement approuvé (végétalisation des espaces, création de bassins…). Une caution financière importante est exigée de l’exploitant pour garantir l’exécution de cet engagement. Au site de Nohic, la société Rup a ainsi créé sur la première concession qui s’achève, un lac de plus de 12 hectares, qu’elle a cédé gratuitement à la Commune. Elle a planté sur les autres excavations refermées une grande peupleraie. On note aussi le fait que la société Rup n’accepte plus les démolitions et gravats et participe efficacement à la lutte contre la formation de décharges sauvages. Sur la nouvelle concession ouverte en 2007, il sera progressivement créé un nouveau lac proche de l’existant d’une superficie de plus de 15 hectares, le reste de la concession sera progressivement planté d’arbres. Les espaces ainsi libérés avec les étendues d’eau deviennent, au fil des ans, des zones naturelles ouvertes où la faune et la flore se sont diversifiées et développées.
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BERNARD LAPORTE
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