Les bois et les forêts de Villebrumier
Les bois et forêts à Villebrumier
Parmi les richesses de Villebrumier, il faut citer en premier ses espaces boisés. Les bois naturels et taillis représentent plus de 350 hectares actuellement, soit le tiers de la superficie de la commune, sans compter les friches, les petits bosquets ou jardins arborés, les plantations d’arbres fruitiers, et la rive du Tarn... Pour la plupart, ces boisements sont jeunes, variés et paraissent globalement en bon état sanitaire. Ils ont fait l’objet de coupes rases plus ou moins périodiques (espacées de 30 ans), mais le plus souvent sans prendre soin de préserver des beaux sujets plus âgés, sélectionnés pour régénérer le boisement. La propriété forestière de Villebrumier est très morcelée, la commune n’ayant pas fait l’objet d’un remembrement agricole.
Les essences Les essences des grands arbres poussant spontanément : 4le chêne pubescent occupe la plus grande place, notamment sur les coteaux plus secs ou exposés sud. 4Les robiniers (faux acacias) se trouvent aussi un peu partout, ils ont tendance à coloniser les espaces ouverts après les coupes rases. 4quelques châtaigniers : ils sont en régression, les jeunes ont été décimés par la sécheresse et la chaleur, et les vieux sujets sont souvent malades. 4des chênes pédonculés et des charmes peuplent le fond du vallon de Moundounas. 4le frêne, l’érable champêtre, le peuplier tremble, le peuplier blanc, les aulnes, occupent les endroits plus frais, fossés, rives du Tarn et des étangs. 4des noyers, des merisiers, des érables negundo, des érables planes, quelques alisiers, de rares cormiers (ou sorbier domestique) des pommiers sauvages, ainsi que de nombreux ormes champêtres (ormeaux) croissent ça et là, le long des chemins. Ces derniers poussent vigoureusement le long des orées mais atteignent rarement dix mètres de haut avant d’être atteints par la graphiose. 4Les conifères sont peu nombreux, et ont été plantés comme les pins parasols et maritimes ou les épicéas. Dans les jardins, on trouve des cèdres, des cyprès de Leyland, des cyprès de l’Arizona, des pins laricio, et autres arbres non indigènes. On découvre aussi une plantation de jeunes eucalyptus destinés à la fabrication de papiers de qualité.
Les arbres remarquables Il faut aussi mentionner les quelques arbres remarquables de la commune : 4Les deux pins parasols de la route de St Nauphary (au lieu-dit Paris), qui ont été baptisés le ‘Roi et la Reine de Villebrumier’. 4Les deux chênes-lièges du chemin de Noble ; ces spécimens, rares dans notre région ont bien grandi et supporté le gel. 4Certains arbres du Château de Villebrumier (cèdres de l’Atlas, tilleuls, platanes, érable...) ont bientôt 200 ans et atteignent une belle taille. 4Des peupliers de grande taille sont présents sur les rives du Tarn. 4Un chêne tricentenaire et de nombreux arbres prometteurs font que le parc public situé derrière le terrain de foot est classé parmi les quelques sites protégés au niveau départemental.
Un patrimoine remarquable Les espaces boisés constituent collectivement un patrimoine remarquable: Ils ont la propriété de capturer et stocker le carbone de l’atmosphère. C’est de l’énergie sur pied qui s’entasse tout doucement, grâce au soleil, sans pratiquement aucune intervention humaine. D’ailleurs les Nations-Unies ont lancé un programme de plantation de milliards d’arbres pour tenter d’absorber une partie des gaz à effet de serre. C’est un combustible qui viendra se substituer partiellement aux énergies fossiles. Le prix du bois de chauffage est devenu très compétitif par comparaison avec le fioul et l’électricité (environ deux fois moins). Aujourd’hui le kWh d’énergie électrique ou de combustible fossile est d’environ 0,1 €. Dans vingt ans ce prix aura triplé ou quintuplé. Les consommateurs se tournent déjà vers le bois pour le chauffage. Bien que les ressources forestiè- res soient surabondantes en France et ne cessent de s’étendre, il est vraisemblable que le prix du bois-énergie montera et permettra de mieux rentabiliser les exploitations forestières. D’ailleurs les investisseurs s’y intéressent et font grimper le prix des terres forestières. Citons dans le même esprit les essais prometteurs menés en laboratoire pour transformer la cellulose du bois en éthanol (combustible liquide obtenu par fermentation artificielle et distillation). Le bois se renouvelle continuellement et, exploités d’une façon raisonnée, les espaces boisés peuvent produire en moyenne de l’ordre de 2 tonnes par an et par hectare de combustible (et/ou de bois d’oeuvre) tout en conservant à ces espaces leur caractère forestier (voir la gestion des forêts domaniales). On peut parler d’or vert qui s’accumule patiemment dans nos bois. Mais les jeunes arbres plantés aujourd’hui ne seront coupés que dans 30 ans, voire 70 ou 100 ans selon les espèces et les usages. Allez donc demander à votre banquier de vous faire un prêt sur 50 ans en attendant la vente de votre futur bois ! Anotre époque l’argent investi doit rapporter très vite… Il faudra redevenir patient. Comme bois d’oeuvre ou matériau de construction, les essences présentes actuellement à Villebrumier, pour la plupart, se prêtent mal au sciage et à l’emploi en menuiserie/ébénisterie. Elles peuvent néanmoins entrer dans la fabrication de panneaux, voire être destinées à l’industrie du papier. Les bois et forêts sont autant d’espaces de liberté et de nature pour les humains, un refuge pour la faune, et un lieu de préservation de la diversité végétale. Ce sont aussi des lieux de rêve, et de mystère. Ils composent des paysages attractifs, en alternance avec les champs cultivés et les plans d’eau. Ils participent au maintien en équilibre des sols par la rétention de l’eau et des matières organiques. L’exploitation intensive des forêts tropicales actuelles (qui constitue la principale source de bois ‘nobles’ aujourd’hui) devrait se ralentir fortement d’ici à 20 ou 30 ans à mesure que ces forêts disparaissent ou que des mesures de protection se mettent en place. 30 ans, c’est très bientôt dans une vie d’arbre ; d’ici là les industries du bois redécouvriront les vertus des essences de nos forêts locales. Peut-être le robinier (faux acacia) reprendra-t-il sa place pour les usages comme bois imputrescible (poteaux, panneaux et mobilier de jardin, parquets…). L’exploitation et la valorisation de nos bois représentent un potentiel économique local porteur de projets. Elles doivent rester à l’initiative des propriétaires agriculteurs, et utiliser des circuits courts de la production vers son utilisation.
Quel avenir pour nos bois et forêts à Villebrumier ? Faut-il introduire des essences plus résistantes à la chaleur et à la sécheresse dans la perspective de changements climatiques? La diversité des essences est aussi une façon de préserver la forêt sur le très long terme par sélection naturelle face aux évolutions climatiques et à l’apparition de nouvelles maladies des arbres. Pourquoi ne pas inciter les promeneurs et ceux qui pratiquent les loisirs de nature à plus fréquenter les bois et friches, tout en respectant des règles préservant à la fois le milieu naturel, et les intérêts des propriétaires en créant des parcours pédestres. Les bois (comme les zones agricoles) doivent rester des milieux ouverts, seuls espaces de liberté dans un monde de plus en plus cloisonné par les routes et les clôtures. Combien de chemins ruraux ont disparu en quelques décennies ? Peut-être faut-il aussi développer une coopération entre les nombreux propriétaires d’espaces boisés pour une pratique plus rationnelle et plus rentable des coupes et ventes de bois. Doit-on résister à la tentation de faire des coupes rases en vue de plantations monoespèces supposées avoir de meilleurs rendements ? S’il s’agit de bois destinés à être transformés en combustible, le rendement le meilleur en production de biomasse n’est-il pas obtenu en laissant la végétation naturelle prospérer en fonction de la nature des sols, de l’exposition, de la présence ou non d’eau, et tout ceci avec un minimum d’intervention humaine ? Peut-être faut-il établir plus de continuité entre les parcelles boisées et les boisements de communes voisines, pour favoriser la circulation de la faune et les échanges génétiques. Comment peut-on encourager les propriétaires de friches à faire des plantations d’arbres sélectionnés ?
BERNARD Ce texte n’a pas la prétention de donner des leçons sur la gestion de notre patrimoine boisé, l’objectif est de prendre conscience des potentialités qu’il représente. Pour mieux connaître les bonnes pratiques forestières, la réglementation, les débouchés, Il faut contacter les organismes professionnels ou étatiques : 4CRPF (Centre Régional de la Propriété Forestière) tél 05 61 75 42 00, www.crpf-midi-pyrenees. com. Il publie un petit journal, organise des formations ou journées d’information sur l’exploitation forestière. Fédération Régionale des Coopératives Forestières tél 05 61 75 42 82 4Ministère de l’Agriculture : www.agriculture.gouv.fr/spip/ressources/thematique/fore tbois qui informe sur la loi d’orientation sur la forêt 2001- 602, et sur les aides. 4Office National des Forêts (www.onf.fr) 4Voir aussi le site www.geoportail.fr qui permet à chacun de consulter une vue aérienne de sa propriété.
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