
|
Poésie
Le rire
Bien souvent il déferle, faisant suite aux bons mots, Il cascade, il étrangle, vous secoue l’abdomen. Il semble s’apaiser, mais reprend illico Et des larmes de joie perlent à vos yeux sans peine. On le dit parfois fou, on ne peut juguler Ces accès de bonheur toujours intempestifs Qui entraînent souvent ainsi une assemblée Dans des hoquets bruyants, saccadés, collectifs. Avez-vous entendu rire Henri Salvador ? Je doute qu’un seul être y demeure insensible, Il fait plus de ravages que le Terminator, Et quand il se déchaîne nous sommes tous sa cible. On rit parfois d’un rien et c’est bien rassurant Que le propre de l’homme pour pouvoir s’exprimer N’ait pas toujours besoin d’un philtre hilarant Mais démarre en trombe, toujours à point nommé. Rire jaune n’est pas un gage de bonheur Même s’il reste l’apanage de milliards de chinois, Chez nous il est la gêne, il cache avec pudeur Les larmes dont parfois nos yeux tristes se noient.
On dit que rira bien qui rira le dernier, Est-ce question de souffle, de cage thoracique ? Tenant la barbichette qui rira le premier ? Alors rions en choeur, c’est bien plus sympathique. Mais pas de rire en coin, évitons le rictus Qui fait se découvrir une denture de loup Rions bien franchement sans crainte d’un hiatus A gorge déployée et sans aucun tabou. Mourir pour mourir, je veux mourir de rire, Qu’il n’y ait pas de glas à mon enterrement, Qu’on échange quelques blagues, ce serait du délire Si vous vous rappeliez que je fus bon vivant. Avec des yeux rieurs on peut faire des dégâts, La gaieté sert parfois les coeurs à conquérir ; Alors rions mes frères, et rions aux éclats, Ca nous rassemblera nul doute à coup férir, Et çà nous détendra sans autre falbala
Frédéric
|
|