Le souterrain aménagé
du lieu-dit "Déjean" à Reyniès
En 1977, quand Jean-Louis Garcia a
fait effectuer des travaux de terrassement en vue de construire une
maison sur un terrain de la propriété familiale
situé sur le coteau qui domine la vallée du Tarn, au
lieu-dit "Déjean", il ne se doutait pas de la découverte
qu'il allait faire. En effet, le creusement dans une boulbène
très argileuse a mis à jour un souterrain !
Ce souterrain est petit par sa taille et se compose de quatre éléments :
u deux couloirs en forme de fer à cheval ont 1,20 mètre
de haut ; celui permettant l'accès mesure une dizaine de
mètres de long, et est coudé quatre fois ; très
pentu, il descend de 3,60 mètres sur son tronçon encore
existant ; l'autre, rectiligne, de 3,40 mètres de long,
légèrement en déclivité, relie les deux
salles.
u deux pièces trapézoïdales, respectivement de 8 et
6,70 mètres-carrés, perpendiculaires l'une à
l'autre, se trouvent à 3,60 et 4,30 mètres au-dessous de
la surface du sol actuel.
La grande profondeur offre de bonnes garanties de
sécurité et, aujourd'hui, la conservation de l'ensemble
est remarquable. A sa découverte, le souterrain était
parfaitement sec et intact, même si, par endroits, le sol et le
bas des parois sont érodés par les eaux de ruissellement,
phénomène dû à l'implantation de la maison.
On ne note aucune trace de frottement consécutive à des
passages répétés. Toutes les traces d'outils sont
nettes au fond des saignées d'encastrement. Ces constatations
semblent indiquer que cette cavité n'a jamais servi.
Les déblais scellant l'entrée ont
été fouillés. Ils contenaient des pièces de
monnaie et des tessons de céramique.
Les deux pièces étudiées sont
semblables. Usées et oxydées, elles mesurent 18
millimètres de diamètre et pèsent 1,2 grammes. La
face montre des mitres (coiffures hautes) et un pal (bande
transversale) en croix au centre. Le revers porte quatre annelets. Des
deux côtés, apparaissent des légendes barbares. Il
s'agit là de " Deniers de Melgueil ", fabriqués par
les évêques de Maguelonne qui ont copié ceux de
Narbonne entre le XIème et XIIIème siècles.
L'atelier fonctionnait sous le contrôle de Raymond V, comte de
Toulouse dès 1174. Cette monnaie n'a plus cours à partir
de 1256, au profit de la monnaie royale.
Les morceaux de vases retrouvés permettent
aussi de dater peu ou prou l'âge du souterrain, puisque certains
de ces matériaux ont apparu vers le VIII ou IXème
siècle et ont perduré au moins jusqu'au XIVème. On
distingue deux types de fragments :
u les "pégaus" mesurent de sept à huit millimètres
d'épaisseur ; ils sont composés d'argile et d'un
dégraissant très fins contenant plus de mica que de
silice ; leur couleur extérieure varie du rouge-orangé,
au marron clair en passant par le gris foncé ou le brun
rougeâtre.
u la céramique dite "commune", présente une
épaisseur de cinq à six millimètres ; sa
composition diffère de la précédente par
l'équilibre du mica et de la silice ; sa couleur, unie des deux
côtés, va du rouge au gris et au noir intense.
résumé réalisé par Guy
d'après la documentation fournie
par Jean-Louis Garcia
et les études de Hugues Echasseriaud et
Edmée Ladier pour les poteries
et du Centre National d'Etudes et de Documentation des Souterrains pour les monnaies
|