Le Loto, une tradition qui perdure
Le loto est un jeu de hasard dont l'invention est attribuée
à un génois, Bénédetto Gentille. Il a été introduit en France par les soldats
de François 1er, au XVIème siècle, au
retour de leur campagne d'Italie. D'ailleurs, ce souverain institua, en 1539,
la loterie dans son royaume. La vente de billets chez les buralistes remonte à
1776.
L'engouement pour le loto ne se réduit pas à l'appât du
gain. Certains participent à ce jeu " par solidarité ". D'autres
aiment bien ces retrouvailles hivernales. Au fil des années, l'ambiance lors de
ces manifestations locales a évolué. Voilà quelques décennies, on se réunissait
le dimanche après midi en hiver au Café Cyprien ou à la Pension de Famille Le
Bon, soit, en général, à l'initiative des propriétaires, soit, plus rarement,
sous l'égide d'une association. Il n'existait pas de sono et les numéros sortis
étaient répétés de salle en salle de vive voix. Les lots proposés étaient
modestes et composés souvent de victuailles : volailles (vivantes !) comme :
poulets, dindes, oies, mais aussi saucisse, jambons, pièces montées, coques,
huîtres, bouteilles de mousseux, sans oublier la surprise tant attendue…
C'étaient les grains de maïs qui servaient à marquer…
Il règne toujours un certain rituel dans la salle. Ainsi,
lors du choix des cartons, chacun cherche ses numéros fétiches (superstition
oblige !). Naguère, pendant les parties, les réactions allaient bon train, avec
des formules truculentes échangées en occitan sur un ton badin et moqueur :
" -Un ! -Lo pichon ! ", " -Dos ! -Uros o maluros ? " ou
" Como nostre gos ! " ; " Quatre ! -La cadièra ! " ; "
Vint ! -Sens aiga : " ;" -Vint e dos ! -Los poletons ! "
;-" Trenta tres ! -Los fraires boçuts ! " ;. " -Quaranta quatre
! -Las dos cadièras ! " ; " -Setanta sèt ! -Las dos pigassas ! "
; " -Quatra vint uèit ! -Las popas de la Catinon ! " ; " Nonanta
! (o Quatra vint dètz !) - Lo vièl
pépin ! ". Et la litanie des numéros était aussi ponctuée de "
Bolèga, macarèl ! " ou de " Pic ! E repic ! " ou encore de
" Quina ! çaquelà, me fara pas mal aquela piota ! ", " Carton plen ! Taplan lo
manjarem, lo cambajon ! ". En français, les répliques les plus
entendues étaient : " Douze ! - Toulouse ! ", " Treize ! - Marie
Thérèse ! " ou " Vingt ! -Sans eau ! " Et en .sortant,
l'inévitable question " Qu'as-tu gagné ? " recevait toujours la même
réponse : " La porte ! " qui traduisait le sentiment frustrant d'avoir
perdu. Et les commentaires allaient bon train à propos de ceux qui jouissent
d'une chance infernale…
Vers la fin des années 50, les responsables de La Lyre,
association que présidait Michel Lacaze, ont introduit des innovations et donné
une autre dimension à ce type de rendez-vous. D'abord, ils ont relié ces deux
lieux par une sonorisation en duplex, ensuite ils ont proposé des lots de plus
grande valeur comme des demi-cochons. Petit à petit, les habitudes ont changé :
la salle des fêtes a été aménagée, ce qui a permis d'accueillir plus de monde,
l'électro-ménager a fait son apparition, les volailles étaient présentées
mortes et vidées… La Société de Chasse, le Club de football, l'Amicale des
Sapeurs Pompiers ou le Club des Aînés ont organisé des lotos à succès parce que
dotés de lots attractifs. Mais la concurrence avec certains organisateurs qui
privilégient plutôt le caractère commercial de leur manifestation a réduit
sensiblement la clientèle du milieu associatif, si bien que le loto aujourd'hui
dans notre commune ne connaît plus l'engouement de naguère. Pour autant, durant
l'automne et l'hiver passés, huit " rifles ", comme on dit du côté de
Toulouse, ont été organisées successivement par la Boule lyonnaise, le Club des
Aînés, le Club de foot (deux fois), la Société de Pêche, l'Amicale des Sapeurs
Pompiers, la Société de Chasse, la Coopérative scolaire.
Par simple
curiosité, un relevé statistique a été effectué lors du loto organisé par la
Boule lyonnaise le dimanche 16 novembre. Voici quelques données susceptibles de
confirmer ou d'infirmer les idées reçues :
m nombre de parties jouées : 10 de 3 lots (quine, double
quine et carton plein)
m numéro le plus recherché lors de l'achat des cartons : 90
m nombre de numéros sortis par partie : entre 55 et 65
m numéros utilisés au cours de ces 10 parties : 623,
répartis de la sorte :
+ 6 sont sortis 10 fois
(18, 26, 33, 37, 47, 62)
+ 8 9 fois
(2, 12, 13, 32, 34, 59, 73, 79)
+ 12 8 fois
+ 27 7 fois
+ 25 6 fois (dont le 90)
+ 8 5 fois
(5, 36, 40, 49, 52, 64, 74, 88)
+ 4 4 fois
(48, 54, 66, 89)
m record pour obtenir une quine : 13 pions
m record de gagnants multiples : 3 (lors de la première
quine)
m numéros gagnants différents : 27, (le 42, le 50 et le 61
ont gagné deux fois chacun.).
Guy
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