Les châtaignes
Fruit d'automne par excellence, la châtaigne se récolte
surtout dans le Midi de la France puisque des étés longs et chauds sont
nécessaires à sa formation. Dans le Nord, le châtaignier n'est qu'un arbre
forestier.
Donc, cette
année, les châtaigniers ayant profité d'un bel été (c'est le moins que l'on
puisse dire !) offrent sans doute une belle récolte. Nous trouvons ces fruits
dans les magasins d'alimentation, sur les marchés et nous les préparons de
diverses façons : grillés, bouillis à l'eau légèrement salée et aromatisée, en
purée…
S'il y a
plusieurs fruits dans la même bogue, l'enveloppe piquante, ce sont des
"châtaignes" légèrement aplanies sur le côté ; un seul fruit plus
gros et bien rond sera le "marron”
qui est utilisé en cuisine pour accompagner certains rôtis et
particulièrement la dinde de Noël ou qui, en confiserie, devient "marron
glacé" confit dans un sirop de sucre.
L'apparition
des premières châtaignes ravive en moi un souvenir d'enfance à l'époque où les
fameux glanages dont j'ai déjà parlé, permettaient de ne rien négliger ou
laisser perdre dans nos campagnes et où "l'économie" faisait
amplement partie de ces valeurs morales que l'on nous inculquait. Mais c'était
avec une grande joie que nous suivions nos parents, deux ou trois dimanches
d'automne, à la cueillette des châtaignes. Partir dans les bois des coteaux,
gambader dans les feuilles mortes et "casser la croûte", à midi, sur
un talus ensoleillé où sur un tronc d'arbre abattu, devenait pour nous un
"loisir" apprécié ! Et quel bol d'air pur !"
Le
matin du
départ, nous étions deux familles à nous entasser
sur le plateau de la
camionnette de mon père. Bien couverts et munis de vieux gants,
nous partions
vers les coteaux où les châtaignes étaient plus
nombreuses que dans la plaine.
Arrivés sur place, vers les arbres qui avaient
déjà été récoltés, à
l'aide de
bâtons nous fouillions les feuilles mortes pour découvrir
les châtaignes
abandonnées ; la plupart n'étaient plus dans leur bogue
et si quelques-unes
avaient gardé leur carapace, d'un coup sec du talon nous la
faisions éclater et
le fruit se libérait. Nous garnissions nos paniers et sacs de
jute en nous
dépassant vers plusieurs bois. Avant la
tombée de la nuit, la camionnette cahotante reprenait le chemin du retour et,
je pense, que le soir, le sommeil ne devait pas tarder à nous prendre après
cette journée bien aérée !
Nous avions
ainsi notre récolte qui allait égayer nos soirées d'hiver ! Je revois la grande
poêle trouée posée sur le trépied de la cheminée et les petites flammes léchant
les coques vernissées. Dès que la cuisson paraissait suffisante, ma mère
renversait le contenu de la poêle sur un grand journal et enveloppait les
châtaignes chaudes qui, au dessert, étaient accompagnées de vin nouveau.
Un autre
souvenir à propos des châtaignes est celui de la "Foire de Noël". Un
plaisir encore à notre portée, quand nous étions adolescents, était de nous
rendre à cette foire à Montauban, à bicyclette bien sûr, les voitures, rares à
cette époque, n'étant pas à notre disposition pour un tel loisir ! En arrivant
en ville, notre premier souci, après avoir garé nos vélos chez quelque
mécanicien complaisant, était d'aller vers la Place de la Préfecture où
s'installait toujours un marchand de "marrons chauds". Nous l'avions
vite repéré au milieu d'un nuage de fumée et criant : "Chauds, les
marrons, chauds !". Vite ! Un cornet de papier journal rempli de
châtaignes fumantes réchauffait nos doigts gelés. Et tout en les épluchant,
nous commencions nos allées et venues au milieu des forains et manèges qui
garnissaient les Allées Mortarieu et le Plateau.
Actuellement, les castanhadas organisées par certaines
associations deviennent l'occasion de rencontres, de convivialité autour de ces
fruits grillés et toujours bien "arrosés" ! Des "Foires à la
châtaigne" sont également organisées dans les régions productrices et
c'est là que l'on trouve tous les produits dérivés de ces fruits nourrissants.
D'ailleurs, autrefois, dans ces régions au sol pauvre, où les céréales venaient
mal, la farine de châtaigne entrait dans le fabrication d'un pain qu'on
appelait "pain du pauvre".
Si la production et l'utilisation des châtaignes se sont
quelque peu amoindries, il y a quelques années, il semblerait qu'actuellement
ce fruit redevienne très commercialisé. Un millier de producteurs, dans le Sud
de la France, met sur le marché des fruits dont la qualité minimum est définie
selon des règles de conformité. Leurs qualités gustatives sont d'ailleurs
différentes d'un terroir à un autre.
Notre région en produit, certes, mais ce sont surtout le
Périgord, la Dordogne, les Cévennes, l'Ardèche, la Corrèze qui possèdent les
plus importantes châtaigneraies.
Georgette
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