Internet permet des rencontres étonnantes et intéressantes. Sur le site de Entre-Nous, au début janvier, Jacqueline Jacob avait écrit un texte fort élogieux à propos du contenu de notre revue. Je lui ai répondu et lui ai fait parvenir les numéros parus en 2002. Cette dame anime, dans un petit village de la Côte d'Or, un journal bi-mensuel intitulé "La Feuill' de Verne, Le babillard de Lavernois", dans lequel on peut lire ce qui suit dans le denier numéro de février… Souhaitons que les contacts se poursuivent, nul doute que ce sera enrichissant pour les uns et les autres. (G.J)
J'ai rencontré un village. Il s'appelle Villebrumier. Il est situé dans le Sud-Ouest de la France, au bord du Tarn. Une petite commune paisible, comme on en rencontre souvent dans notre France profonde. Mais quand on la connaît mieux...
Certes, Villebrumier possède une population de plus de 900 habitants, trois fois celle de Levernois, mais il n'en demeure pas moins un gros village, animé par 23 associations très actives qui offrent aux habitants beaucoup de possibilités d'animations diverses et de rencontres. Toutes ont un vif succès auprès des habitants et leurs dirigeants sont des gens heureux. Pour n'en nommer qu'un certain nombre, citons le Comité des fêtes, les clubs de tennis, de pêche, de foot, de pétanque, de rallyes, de danses, Bricol'art, le club des Jeunes, des Ainés, et surtout - et c'est là que je voulais en venir - l'association "Entre-Nous". C'est cette dernière que je voulais évoquer parce qu'elle s'occupe plus spécifiquement des activités culturelles, et que sa tâche essentielle est la rédaction du journal du village qui porte aussi le nom de "Entre-Nous". Ce trimestriel, qui n'est pas un bulletin municipal, ressemble étrangement, de par son contenu, à la Feuill' de Verne. Sauf qu'il est payant, sponsorisé et surtout beaucoup plus étoffé. Sa vente finance en partie l'association. J'en ai parcouru plusieurs exemplaires. Chaque numéro comporte une "rubrique à brac" où sont narrées toutes les nouvelles du village (commune, vie associative, état civil, ...), un "édito" où le rédacteur, président de l'association, s'exprime librement sur les sujets qui le tiennent à coeur, des dictons occitans, des jeux, des recettes, des articles sur le jardin, la nature, le terroir, le patrimoine local, les messages du courrier électronique déposés sur le site. Bref, un peu ce que vous pouvez vous-même trouver dans la Feuill' de Verne.
La grosse différence, cependant, vient du fait que ces articles sont rédigés par les 12 membres d'un comité de rédaction, particulièrement actif et non par un seul rédacteur, et qu'à leur prose vient s'ajouter des articles écrits par des habitants du village : chaque trimestre, par exemple, un lycéen compose un poème, un ancien raconte un souvenir du temps passé (un Noël d'autrefois, un souvenir d'école, ...) fait partager une passion ou un savoir-faire, ou s'exprimer sur le thème de son choix. Les élèves des écoles apportent aussi leur concours avec des récits qu'ils ont eux-mêmes composés : voyages scolaires, visites, classe de neige...
Ce "canard villageois" est né en 1988. Voici ce qu'on pouvait lire dans l'éditorial de la première parution :
"Entre-Nous est un nouveau-né en devenir. Pour vivre, pour survivre, il devra plaire, s'étoffer, changer, s'adapter (...) Pour vivifier, pour fortifier Entre-Nous, rien de tel qu'un environnement riche de la diversité des contributions".
Et le petit canard a vécu et ne s'est jamais aussi bien porté quinze après, grâce au dynamisme des lecteurs du village qui sont devenus co-auteurs.
Bien sûr, en publiant ces lignes, je ne veux donner mauvaise conscience à personne et encore moins polémiquer, car il n'y a aucune intention agressive dans mes propos. Mais vous comprendrez sans doute le pourquoi de notre ton parfois nostalgique...
Cela fait si longtemps pour ma part que je lance à tous vents des appels au peuple !
Un p'tit article M'sieursdames !
Pour varier le style, les sujets et la forme, faire que ces pages soient moins personnelles et que le journal y gagne en richesse. Mais je suis toujours comme soeur Anne...
Une boîte à lettres désespérément vide. A quelques exceptions près. Et quelques vagues promesses... non tenues, il y a bien longtemps...
Il y a d'autres associations au village. Elles ont déjà été sollicitées pour se faire connaître, pour passer l'information, un compte-rendu d'activités. La vie associative du village intéresse tout le monde, pas seulement les membres adhérents. Le tennis club par exemple a, en juillet dernier, organisé un week-end canoë-kayak en Ardèche pour remplacer le voyage en Allemagne. Un petit compte-rendu avec une photo aurait été sympathique. Et notre club de marcheurs du mercredi ? Pourquoi ne raconterait-il pas de temps en temps une de ses excursions ? Il nous a également été reproché par un membre d'une autre association levermoisienne de ne pas l'avoir citée sur le site du village (celui que j'ai réalisé) dans la liste des associations de la commune. Mais encore faudrait-il qu'elle se manifeste ! On ne sait plus rien d'elle.
J'ai pensé parfois que j'étais trop exigeante, que les gens étaient tous très occupés, qu'ils n'avaient guère de retourner à l'école en prenant la plume, jusqu'à ce que je découvre le village de Villebrumier dont je vous ai parlé. Car à Villebrumier aussi on est probablement très occupé par le travail, comme ailleurs. Villebrumier aussi a ses querelles de clocher comme tout village qui se respecte (ou plutôt qui ne se respecte pas, mais c'est de bonne guerre et chose courante !) et pourtant de temps en temps, au diable les discordes de voisinage, les habitants passent outre, au moins le temps d'une journée festive ou dans le cadre d'une activité qui les intéresse et les réunit pour l'occasion.
Alors voyez-vous, à une époque qu'on dit être celle de l'individualisme et du repli sur soi, des villages dynamiques et conviviaux comme Villebrumier, tous les présidents d'association en rêvent un peu. C'est bien légitime.
Parce que, et c'est pourtant vrai... il faudrait si peu de choses...