La matière nécessaire
pour la fabrication dun balai
Il faut du sorgho, de losier, du fil de fer, du cordonnet
et du bois pour les manches.
Le sorgho
Le sorgho connu des Assyriens au VIe siècle avent J-C
est classé parmi les graminées alimentaires avec
le millet. Il peut atteindre 4 m de hauteur.
Plante tropicale à fleurs à panicules (grappe florale
conique, composée), elle semble entrer en Europe avec les
Vénitiens, célèbres explorateurs de la Chine,
de lInde et du Moyen Orient.
Au XVe siècle, le mot italien "sorgo" désigne
une plante "haute et droite comme un piquet".
Les graines se consomment en Afrique et en Europe, elles constituent
la nourriture des volailles. Les chaumes et les inflorescences
servent à la fabrication des balais.
Le sorgho à balais dit grand millet, sest bien
adapté au climat du Midi de la France, de la Provence à
la région bordelaise. On le récolte à la
fin de lété.
La production locale ou régionale se révèle
vite insuffisante et nécessite limportation des pailles
étrangères.
Les paille locales et régionales viennent :
- du Tarn et Garonne avec des localités au rendement
plus ou moins régulier et performant : Villemade, St Nicolas
de Lagrave, Labourgade, Valence dAgen, St Porquier, quelques
propriétaires à Grisolles
- du Lot et Garonne : de la région dAgen
- du Tarn : aux alentours de Castres
- du Vaucluse et de la vallée du Rhône
Les pailles étrangères arrivent dItalie,
de la Hongrie, de la Yougoslavie, de la Roumanie, de lArgentine,
du Maroc, de lInde.
Le traitement des pailles comporte trois
étapes : légrenage, le soufrage, le
triage.
Légrenage sépare
les graines des tiges et des pailles après la récolte.
Légrenoir est constitué par une force cylindrique
munie de deux branches plates recourbées à leur
extrémité, rapprochées et légèrement
superposées, pouvant sécarter pendant la traction
latérale des tiges offrant une résistance suffisante
pour que les graines tombent des panicules. Il est fixés
par une vis et un écrou à une poutre qui permet
de travailler debout et de garder toute son énergie pour
tirer les pailles. Une énorme poussière résulte
de cette opération.
Le soufrage de la paille est nécessaire
pour trois raisons essentielles :
- pour éviter les moisissures et le noircissement,
- pour assouplir les tiges,
- pour accentuer la belle couleur jaune qui constitue un attrait
supplémentaire pour la vente.
Le soufrage seffectue dans un local particulier mitoyen
ou séparé dans la propriété de la
fabrique, à cause des risques dincendie. Ce local,
petite pièce denviron 4m2, est appelé le soufroir
ou la soufrière. On y entasse des gerbes de paille et des
culots de sorgho.
Dans un récipient quelconque - vieux chaudron ou vieille
marmite - on brûle des boudins de soufre dont les vapeurs
(anhydride sulfureux) se répandent dans lair du local
dont la porte reste fermée hermétiquement pendant
2 ou 3 jours. Le séjour peut se prolonger sur deux semaines
selon les besoins.
Le triage, pendant près
dun siècle, se faisait à la main.
La paille est triée suivant les longueurs. Une baguette
étalon permet un triage rapide. Cette mesure porte des
marques différentes qui jalonnent les longueurs utiles
pour la fabrication des balais de différentes tailles et
de différentes utilisations. Le travail est assuré
par des femmes.
La qualité des pailles.
Les plus belles pailles viennent dItalie ou de Hongrie,
elles recouvrent souvent les balais de luxe dits "américains".
De moins bon aspect, les pailles du Rhône sont employées
pour les balais rustiques ou garnissent lintérieur
du balai. Les pailles garonnaises sont qualifiées de robustes.
Celles du Vaucluse sont légères et peu solides.
Dans lensemble de 1890 à 1950, un marché prospère
de la paille nécessite des intermédiaires : peseurs
de paille, représentants, courtiers et sous-courtiers.
Les fabricants de balais et les marchands de paille sentendent
directement surtout quand il sagit des producteurs locaux.
Losier
Il entre dans la composition des balais paysans. Il représente
le premier lien originel du maintien des pailles au manche. En
général et depuis le XVIe siècle, il est
cultivé pour la consommation familiale en vannerie. Mais
losier local, trop ligneux est impropre à lusage
des balais pour lesquels on emploie à la place de la ficelle
ou du cordon. Il faut un osier souple qui se fend facilement pour
senrouler autour du manche et séparer les brins de
sorgho. Les osiers viennent de la Gironde et du Lot et Garonne.
Son emploi est abandonné vers 1880.
Le fil de fer
Ordinaire ou galvanisé, il remplace losier dans
le maintien des pailles. Il est conditionné à Toulouse
aux forges du Bazacle. Il senroule autour de manche, des
pailles et des culots. Il se fixe à laide dun
clou. Il se déroule grâce à un petit appareil
appelé dévidoir à fil de fer. Certains de
ces appareils ressemblent à des dévidoirs à
lin dont ils se sont inspirés.
Le cordonnet
Les premières coutures à la ficelle de chanvre
puis de sisal donnaient une présentation grossière.
On préféra le cordonnet rouge, bleu, vert ou noir
fabriqué à Angers pour des balais plus raffinés.
Il faut savoir quun kilogramme de ficelle coud environ 300
balais. Le cordonnage (ou couture) à la main offre des
balais solides dont les brins ne séparpillent pas
facilement. Le cordonnage à la machine moins fatigant ne
fournit pas un aussi beau résultat. Les coutures peuvent
seffectuer sur une rangée, deux, trois rangées
et jusquà cinq rangées pour les plus résistants.
Le bois des manches
Plusieurs essences concourent pour lélaboration
des manches avec plus ou moins davantages. Le hêtre,
le charme, le peuplier sutilisent dans certaines conditions.
La déformation et la rupture dues à la pression
pendant le balayage est leur principal défaut même
quand ils sont traités à létuve.
La tentation de lemploi du peuplier procède de
la facilité. Le peuplier croît dun mètre
tous les ans. Les ramiers sont assez nombreux dans le Tarn et
Garonne. Lacheminement des grumes et des carrelets par le
canal latéral à la Garonne et le chemin de fer abaisse
le coût du transport. Mais le bois de pin venu des Landes
offre la garantie de rigidité et dendurance pendant
lexercice ménager. Il vient de Budos et de Preignac.
On se fournit aussi en manches dans les usines de lOise.
Une initiative locale due à Siméon Granet dans les
années 1920-1930 permet dacquérir sur place
des manches tournés. Son usine durera jusquen 1969.
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