Les origines de l'école communlae
L’instruction sous l’Ancien Régime
Dans la monographie écrite par François Malbreil, instituteur et
secrétaire de mairie entre 1926 et 1944, on peut lire : «Il était
déjà coutume au XVI ème siècle d’avoir un maître d’école. Une
délibération du 26 novembre 1581, le Conseil général de la Vicomté de
Villemur avait attribué la somme de 40 francs pour les gages de Jean
Aguille. Un autre procès-verbal daté du 26 juin 1583 confirme cette
décision. Dans le courant du XVII ème siècle, l’enseignement, qui
comprenait l’étude du latin, était donné aux jeunes garçons par un
régent.(…) Il n’existe pas, à notre connaissance, des documents ayant
trait à l’Instruction publique à Villebrumier avant le XVIII ème
siècle, les archives communales ayant disparu. La mention la plus
ancienne d’un régent dans la commune remonte au 23 novembre 1713, date
à laquelle Monsieur Courdet, prêtre du diocèse de Caors, a été reçu
vicaire dans la paroisse et régent et fut renvoyé l’année suivante sur
la fin de septembre. Le 15 juillet 1716, le père Vincent, religieux
Carme de la Communauté de Toulouse, a cessé cette même fonction. Le 25
de ce même mois, Monsieur Florac, cy-devant curé de Varennes, prit le
place du précédent». Pour les historiens, le
niveau d’instruction se mesure à la fréquence des signatures au bas des
actes de mariages. Ainsi, Guy Astoul, écrit dans son étude intitulée
«Villebrumier et son seigneur au cours du XVII ème siècle» : «Pour
combattre l’hérésie des efforts ont été faits à la fin du XVIIème
siècle pour améliorer l’instruction des enfants. Ainsi, il est fait
mention de vicaires-régents entre 1713 et 1716. Les enfants de
notables, bien sûr, mais aussi ceux d’autres familles ont bénéficié
d’une instruction. Sur 23 mariages de 1601 à 1605, un seul marié ,
Georges Arnaud, un marchand, a été capable de signer le contrat chez le
notaire. Par contre, sur 19 contrats passés entre 1651 et 1655, trois
mariés ont signé (dont un originaire de Villemur et un autre de
Fronton). Vers la fin du siècle, on retrouve, en plus des notables
habitués à écrire, un charpentier, deux sergiers et un peigneur de
laine». De son côté, Romain Pavan dans son mémoire «Etude de la
population de Villebrumier de 1672 à 1750» note : «Sur 102
mariages célébrés dans la paroisse en cinquante années, 8 portent des
signatures d’époux et 4 celles d’épouses». Le même auteur indique
qu’une enquête menée en Tarn et Garonne pour la période 1681/1790,
estime la proportion de la population sachant signer entre 10 et 19%,
contre 7,8% pour les hommes et 4% pour les femmes à Villebrumier. Il
livre un aperçu des métiers exercés par les 121 hommes recensés dans la
commune en 1737, ce qui peut donner une idée du niveau d’instruction de
certains personnages locaux : 1 noble, 2 praticiens-bourgeois, 8
professions libérales (5 gardes à sel, 2 chirurgiens, 1 arpenteur), 33
artisans (16 tisserands, 3 tailleurs, 2 peigneurs de chanvre, 5
sabotiers, 1 tonnelier, 1 boucher, 1 boulanger, 1 meunier, 3
pêcheurs), 2 ecclésiastiques, 3 marchands, 67 agriculteurs (32
brassiers, 28 laboureurs, 3 métayers, 3 bordiers, 1 vigneron), 1
chasseur du seigneur, 1 cuisinier, 4 valets. Parmi ces «intellectuels»,
entre 1674 et 1745, on relève les noms de Pierre Ferran
chirurgien ; Moysset, praticien ; Queille dit Rochebrune,
brigadier aux gabelles ; Jean Guilhemot, bachelier en droit ;
Jean Pendaries, curé ; Joseph Dufau, étudiant... Même si la
mortalité infantile sévit, les enfants sont nombreux à cette époque là
puisque «l’état des âmes de la paroisse» recense entre 1672 et 1699 de
5 à 33 naissances chaque année (soit 15,8 de moyenne) puis entre 1700
et 1750) en enregistre de 11 à 32 (soit 24,5 de moyenne). En 1732, le
curé Pendaries dénombre 774 habitants répartis ainsi : population
agglomérée : 513 pour 116 ménages ; population éparse 261
pour 58 ménages. Ces effectifs concernent un territoire de la commune
plus vaste qu’aujourd’hui puisque Villebrumier s’étendait aussi sur la
rive gauche du Tarn. De plus, ces nombres sont vraisemblablement plus
élevés puisqu’ils ne comptabilisent que les foyers catholiques, à
l’exclusion des autres familles, protestantes en particulier.
L’école de la Rue Basse
Il semble que l’actuel bâtiment communal situé Rue Basse (aujourd’hui
Pierre Gerla) abrite l’école primaire depuis 1720 dans la maison
familiale des Gerla, où est né Pierre Gerla le 17 novembre 1763. Son
grand père, originaire de Varennes, à la fois arpenteur et marchand de
matériaux de construction, l’avait faite construire en 1758/1759 par
Baptiste Charbonnier en fournissant lui même les matières nécessaire.
Le paiement s’échelonnera sur plusieurs années en numéraire plus une
barrique de vin. La maison est cossue pour l’époque. Elle présente une
façade sur la rue et s’ouvre au midi par de hautes portes-fenêtres sur
un jardin en terrasses. Fils du notaire
Jean-François, Pierre Gerla fréquente d’abord l’école du village, puis
le collège des Jésuites à Montauban. Il poursuit ses études à Toulouse
où il obtient une licence en droit. Il s’installe alors comme avoué
dans cette dernière ville à une époque troublée par les événements de
la Révolution. Il regagne Villebrumier en 1791. Comme son père, il est
membre du Conseil municipal. En 1793, il occupe le poste de
Procureur-Syndic à Castelsarrasin. A l’automne 1795, en application de
la Constitution de l’An III, il est élu par le collège des Grands
électeurs député de la Haute Garonne (département auquel Villebrumier
appartient à l’époque) et siègera au Conseil des Cinq Cents entre 1795
et 1799. Au sein de cette assemblée, il fait valoir ses qualités de
juriste et il est l’auteur de cinq propositions de lois. Il semblerait
aussi que son influence ait permis la décision de confirmer en 1799 (An
VII) Villebrumier comme chef-lieu de canton, bien que Nohic et Orgueil
en soient retirés au profit de celui de Grisolles. Il est mêlé de près
au coup d’Etat de Napoléon Bonaparte du 18 brumaire. Il revient dans la
région et de 1800 à 1806, et occupe la charge de Juge de Paix à
Castelsarrasin. A partir de cette date, il succède enfin à son père et
officiera comme notaire à Villebrumier jusqu’à la fin de sa vie. Il a
fait construire le château Saint Théodard (face à l’école actuelle) et,
en 1820, offre sa maison natale à la commune pour en faire un
établissement d’éducation. A sa mort en 1834, célibataire, donc sans
descendance, il laisse à ses héritiers une belle fortune.
Les lois relatives à l’Instruction publique au cours du XIX ème siècle
En 1833, la loi Guizot fait obligation aux communes de plus de 500
habitants de se doter d’une école primaire publique de garçons où
exercerait un maître. Villebrumier a-t-il alors bénéficié de cette
mesure ? En 1850, sous la Seconde
République, la loi Falloux donnait à l’Eglise un droit de contrôle sur
les programmes et les personnels de l’enseignement. Un vif débat paraît
opposer à cette époque là les partisans des deux camps, ceux de l’école
confessionnelle et ceux des instituteurs. En effet, dans la «Revue de
l’Education Nationale», publication officielle éditée en mai 1850, ont
paru deux longs textes écrits par «Moncet, chanoine honoraire, Curé de
Villebrumier» (Ce prêtre a exercé son sacerdoce dans la commune entre
1837 et 1851). De ces contributions, qui paraissent d’une portée
nationale, intitulées l’une «Les griefs du Presbytère contre l’Ecole
communale», l’autre «Les griefs de l’Ecole communale contre le
Presbytère», on peut extraire quelques passages : «Certains
Instituteurs communaux négligent de faire apprendre la lettre du
catéchisme à leurs élèves une fois que ceux-ci ont fait leur première
communion. (…) Le catéchisme est une théologie populaire, la reine des
sciences, la plus sublime comme la plus complète de toutes. (…) Il est
donc de la dernière importance que nos enfants possèdent, au moins
substantiellement, les premiers éléments du livre des chrétiens ;
sans cela, on n’en fera jamais ni de bons citoyens, ni d’honnêtes gens.
(…) A quoi serviront les nomenclatures et les dates de l’histoire, les
définitions et les classifications de la science, les exercices
d’analyse grammaticale à de jeunes laboureurs, artisans ou
bergers ? Sur cent élèves qui sortent annuellement des Ecoles
communales de mon canton, à peine cinq savent écrire une lettre
correctement ou résoudre un problème d’arithmétique. (…) Je sais que si
les enfants ne progressent pas davantage dans les écoles rurales, ce
n’est pas la faute des Instituteurs qui ne négligent rien pour faire
pénétrer la science par petites doses dans ces intelligences attardées,
c’est la faute des parents qui retirent leurs enfants de l’école au
moment précis où leur compréhension commençait à se développer. On les
y laisse l’hiver, on les retire au printemps et en été. (…) Il est
des Instituteurs qui font de la propagande, non pour le bien, mais pour
le mal. Ils s’abonnent et font s’abonner leurs élèves à des journaux
qui servent une leçon d’impiété et entretiennent les haines entre les
différentes classes de citoyens. Comment un Curé qui se respecte
pourrait-il permettre une telle propagande ? (…) Il est des
Instituteurs qui colportent de maison en maison des pétitions où ils
demandent que l’instruction populaire soit gratuite, obligatoire et
laïque. Mais un Curé pourrait-il demander l’instruction gratuite
lorsqu’il sait que c’est la poche des contribuables écrasés par l’impôt
que l’Etat prendra les millions destinés à rétribuer les Instituteurs,
et plus encore dans la poche des pauvres ? Un père de famille qui
refuserait d’envoyer son fils à l’école communale serait passible de
l’amende, de la prison, de la perte de ses droits civiques ? Un
prêtre bachelier ès-lettres, bon citoyen et honnête homme, n’aurait ni
capacité ni moralité pour enseigner, entendu qu’il porte robe noire et
n’a ni femme ni enfant ? (…) Mais alors où est la liberté, la
fraternité, l’égalité qu’on nous prêche tant ? (…) Il est d’autres
Instituteurs qui, sans ramper aux pieds des curés, s’honorent d’être
leurs amis, leurs collaborateurs, leurs frères, les aidant dans leur
ministère ; ils exercent modestement leur état, ne se mêlent ni du
Maire ni du Curé ni des électeurs, font progresser leurs élèves dans la
science et dans le vertu ; ceux-là, ont droit à notre estime, à
notre amitié, à notre reconnaissance. (…) Il en est d’autres qui, sans
être des dévots, s’honorent d’être franchement chrétiens, en se
soumettant parfaitement aux lois de l’Eglise : nous faisons leur
éloge en chaire». Les idées exprimées par le Curé
Moncet ont l’aval des autorités en place puisque, à la suite de sa
contribution, on peut lire : «Notre correspondant, avec courage et
loyauté, exprime les dispositions du Clergé des campagnes à l’égard des
Instituteurs communaux. Le Prêtre a un droit naturel, légitime,
imprescriptible à surveiller et à diriger l’éducation de l’enfant.
Aucun Instituteur ne peut raisonnablement s’offusquer de l’intérêt que
le Curé de la paroisse prend à l’Ecole».
Toujours dans la même revue, figurent quelques principes : «Un bon
Instituteur est celui qui satisfait scrupuleusement et avec plaisir à
toutes les obligations de son honorable mais pénible profession. (…).
Son âme est toujours sereine parce que son cœur est satisfait, sa
conscience tranquille. Il suit aveuglement, et sans jamais en dévier,
le règlement qui a été dressé par les soins de l’autorité
supérieure ; (…) L’ordre et la discipline sont l’âme de
l’Ecole.( …)» En 1866, sous le Second
Empire, la loi Duruy rend aussi obligatoire une école pour les filles
et crée le Certificat d’Etudes Primaires. Les réformes impulsées par ce
ministre de l’Instruction Publique visaient à élever le niveau de
l’école communale et à améliorer le sort matériel des maîtres et plus
encore des maîtresses. En ce temps là, et jusqu’en 1926, existait à
Villebrumier, dans les locaux occupés aujourd’hui par la famille
Depeyre, une école confessionnelle gérée par les Sœurs de la Sainte
Famille.
La construction de la Mairie-Ecole : le projet de 1876
Il n’a pas été retrouvé, à ce jour, de document attestant de la date de
construction de l’Hôtel de Ville de Villebrumier. Cependant, un repère
est a prendre en compte : l’existence du plan cadastral de 1810.
Or, sur ce document, ne figure pas le bâtiment de la Mairie. Il y est
signalé un vaste espace rectangulaire appelé «Promenade publique»,
vierge de construction. Le bâtiment situé à
l’emplacement de l’Hôtel de Ville actuel a donc été construit
postérieurement à 1810 et bien avant 1874, puisque, à cette date, cette
construction, qui ne comportait qu’un seul étage, était jugée en
mauvais état, ce qui laisse supposer une certaine ancienneté. Le tout
est que, sous l’impulsion du maire Léon Bénaïs, petit-neveu de Pierre
Gerla, le Conseil municipal est saisi des questions de l’école. Ainsi,
le 9 mai 1872, est voté un crédit de 116 F pour «réparation de la salle
d’école des garçons pour un coût de 266 F équivalent au blanchissage
des planchers, au carrellement et menuiserie des fenêtres à revoir»
ainsi qu’à «l’achat de 3 tables -bancs et 2 tableaux noirs». A cette
époque-là, la «liste des élèves indigents» dénombre 19 garçons et 13
filles. Le 16 février 1873, est fixé les rétributions scolaires pour
1874 : 2 F pour les enfants en dessous de 7 ans ; 3 F pour
ceux de 7 ans et plus ; 1100 F pour le traitement de l’instituteur
et 800 F pour celui de l’institutrice ; 15 F pour les fournitures
(encre, crayons, porte-plumes, livres). Les achats de 4 poulies pour
cartes de géographie sont estimés à 2 F ; celui de la méthode
Villeméreux à 1,40 F ; celui d’un tuyau de poêle à 7,85 F.
Le 13 juillet 1873, est décidée l’acquisition de la «Maison des Sœurs»,
cadastrée n° 620 et 621 correspondant à la propriété Gerla, avec
l’exposé des motifs suivant : «Il est rare de voir un chef lieu de
canton privé d’une maison d’école. Le Conseiller général (Bénaïs
lui-même?) ne s’et pas contenté de payer le loyer, il a fait l’achat de
la maison d’école de filles qui était en vente le temps que la commune
soit en mesure d’en devenir propriétaire». Le coût se monte à 6500 F,
auquel s’ajoutent l’achat du mobilier pour 2500 F et l’acquisition pour
chacune des deux écoles, garçons et filles, d’un globe terrestre, de
cartes de France et d’Europe, de 2 tables-bancs de 4 m, d’une
mappemonde. Lors de sa séance de juillet 1874, le
maire, toujours Léon Bénaïs, alerte le Conseil municipal en
déclarant : «La maison d’école et la salle de la mairie menaçant
ruine, il est impossible de retarder plus longtemps la construction
d’un édifice pour contenir le logement de l’instituteur, une salle
d’école, une salle de mairie en rapport avec les besoins d’un chef-lieu
de canton qui compte sept cents habitants». Le projet est estimé à
21600 francs, mais la commune n’a pas les moyens financiers pour le
réaliser. L’édile compte sur une aide du département de 6000 francs et
une autre de l’Etat de 6300 francs, ce qui ramènerait la charge pour le
budget municipal à 9300 francs, somme qu’il propose de financer (5000
francs) par la vente de l’immeuble existant et par le recours à
l’emprunt (4300 francs) sur 9 ans au taux de 5%.
Un an et demi plus tard, en février 1876, le Maire présente en séance
les deux options possibles : ou la construction nouvelle, ou la
grosse réparation. Les élus choisiront à l’unanimité la seconde
hypothèse, sans doute après avoir pris connaissance d’un dossier où
figurent les plans et devis de rehaussement du bâtiment.
Les archives communales contiennent, en effet, ce dossier relatif
à un «Projet de Réparation et d’Agrandissement d’une maison pour
l’Ecole de garçons, le logement de l’Instituteur, la Justice de Paix et
la Mairie» établi, en date du 21 janvier 1876, par l’Agent voyer
cantonal. Cet «Avant métré des travaux» est accompagné du «Détail
estimatif des travaux». Le devis se chiffre à 11000 francs (onze
mille), soit 7000 F (sept mille) pour «la salle d’école et le logement
de l’Instituteur» et 4000 F (quatre mille) pour «la Justice de Paix et
la Mairie», montants auxquels il faut ajouter 600 francs (six cents)
pour «le mobilier personnel de l’Instituteur». Ce
document (manuscrit!) a été «Vu et approuvé» par la division
ministérielle le 10 mars 1877 et par le Préfet le 21 avril suivant. Un
mois plus tard, le 24 mai, le même Préfet fait savoir par lettre que
«les travaux ont été adjugés au sieur Garrigues Pierre, maçon à
Montauban, qui s’est engagé à les exécuter moyennant un rabais de 5%
sur le prix du devis».
Un exposé préliminaire
précise le projet : «La commune de Villebrumier possède une maison
qui renferme l’Ecole de garçons, la Justice de Paix et la Mairie. Ces
services sont très mal installés, tant sous le rapport de l’étendue que
sur le rapport de la commodité. En ce moment, le logement de
l’Instituteur est situé dans le village, à 120 mètres environ de la
salle d’école. La surveillance des élèves pendant les récréations ne
peut donc s’exercer que très difficilement, ce qui est nuisible pour
leur bonne éducation. «Le projet de réparation et
d’agrandissement peut remédier à ces inconvénients. L’étendue de la
salle d’école qui n’est que de 48 mètres-carrés est portée à 68. La
Mairie actuelle et le corridor qui conduit au cabinet du Juge de Paix
seront consacrés à l’installation de l’escalier et au cabinet du Maire.
La salle de Justice de Paix servira de Mairie et la Justice de Paix
ainsi que le cabinet du Juge seront transférés au 1er étage. «Le
logement de l’Instituteur sera établi au 1er étage au-dessus de la
classe. Il se composera d’une cuisine de 5 de longueur sur 4,40 de
largeur, de deux chambres mesurant 5 sur 3,38 et d’un cabinet de 5 sur
2,30. Le galetas ne sera pas utilisé. On n’y communiquera qu’au moyen
d’une trappe pratiquée au plancher du vestibule». Les arguments
utilisés sont les mêmes que ceux figurant dans la délibération, à une
exception près, plutôt cocasse : «Si le maître a des élèves à retenir
après la classe, il lui est impossible de les garder». (sic).
Et l’exposé de poursuivre : «Il existe derrière le bâtiment un
terrain communal qui sera clôturé par un mur pour servir de cour où il
sera élevé des constructions renfermant le cellier et le bûcher de
l’Instituteur et un petit préau couvert. A l’angle nord, à 6 mètres
environ de la salle d’école, seront les lieux d’aisance, un cabinet
pour le maître, un cabinet pour les élèves».
Le descriptif des travaux atteste des matériaux employés. En voici
quelques exemples : «maçonnerie de briques avec mortier de chaux
et sable pour l’encadrement des portes et des croisées», «plancher en
peuplier de 0,04 d’épaisseur sur poutrelles ou madriers», «escalier à
la française limons et marches en ormeau, main courante et barreaux en
bois dur tourné, contre marches en peuplier», «appuis et pour les
croisées et seuils en pierre de taille», «plafonds à trois couches de
plâtre sur liteaux avec petite corniche», «châssis vitré de croisées
dites à gueule de loup, à double cote», «espagnolettes nouveau
système», «fers affectés à la toiture pour étriers, tringles et
tirants», «enduits avec mortier de chaux et sable».
En cours de travaux, des modifications sont apportées, ce qui entraîne
des surcoûts : ajout d’un balcon au premier étage et choix de deux
portes doubles (495 francs), démolition imprévue mais nécessaire d’un
mur à cause d’une lézarde et construction supplémentaire d’une «petite
salle pour loger les nécessiteux» (1370 francs). A ce sujet, le
brouillon (le double ?) d’une lettre adressée au Préfet indique que
«les travaux de reconstruction sont terminés pour un montant de
dépenses prévue de 9367,30 francs. Cette somme aurait suffi, mais à
côté de la cave et de la buanderie de l’instituteur, nous avons fait
construire un cabinet de plus destiné à loger les malheureux que les
aubergistes ne veulent pas recevoir même en payant et dont
l’administration ne sait que faire, de sorte que la dépense totale
s’élève à 11710,42 francs. Nous aurions à déduire le montant du rabais
de 5%, mais nous le destinons à solder les honoraires de l’architecte.
En conséquence, Monsieur le Préfet, je vous prie de bien vouloir nous
autoriser à percevoir les 10539,38 restant à payer».
Le 12 février 1878, le Préfet adresse une lettre au Maire pour préciser
que «le procès verbal de réception provisoire des travaux a été rédigé
le 19 janvier dernier» et que, en conséquence, l’entrepreneur devait
être réglé, hormis «le dixième de garantie qu’il ne pourra toucher que
dans un an». Le 4 mars 1878, l’assemblée
communale se prononce pour le refus de la «gratuité absolue» pour les
élèves de l’Ecole primaire compte tenu du coût de la rénovation de
l’école et de l’endettement de la commune. On compte alors dans la
localité 28 enfants «Indigents», 15 garçons et 23 filles.
Le 23 novembre 1879, alors que Déjean est devenu maire, les conseillers
refusent «la création d’une salle d’asile car la commune est une petite
agglomération et donc peu d’enfants peuvent en bénéficier».
Le 16 mai 1880, il est décidé la réparation de l’Ecole de filles, rue
Basse, (sol, toiture, préau, mur donnant sur la rue) pour un devis de
264 F. Le 3 octobre 1882, est signalée l’installation de l’instituteur
Jean Soubrié, en remplacement de Mr Roubelet. En
1886, intervient la réparation d’une fissure sur les murs extérieurs de
la Mairie-Ecole pour un devis de 375 F.
Enquête de Guy
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