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Poésie
Semailles d’antan
Depuis un an, le soc a retourné la terre,
Et les pluies bienfaisantes ont pu s’y infiltrer.
De maigres herbes folles se voudraient des parterres
Mais le prochain labour saura les enterrer.
Octobre est revenu, le soleil s’adoucit:
C’est le temps des semailles, tout le monde s’active ;
Vite ! Enterrons le grain en ayant le souci
D’une averse bienvenue pour qu’il germe et qu’il vive.
Le traceur a choisi deux des meilleurs mulets.
Ils avancent à pas lents en encadrant l’araire,
Ouvrant large le sillon, aussi droit qu’une allée
Qui déterminera la largeur de l’aire.
Le semeur les suivra, harnaché de son sac.
D’un geste majestueux, il lance par poignées
Ce blé ou bien cette orge qu’il transporte en vrac
Et qui couvre la terre entre les deux saignées.
Tous les oiseaux du ciel sont aussi de la fête,
Qui viennent picorer faisant fi des humains,
Poussant même l’audace à passer sous les bêtes
Avant que la charrue ne recouvre le grain.
Les autres laboureurs suivent en file indienne,
Le pied gauche sur la glèbe, l’autre dans le sillon.
La terre se noircit à mesure qu’on la saigne,
Attendant la levée, la fleur et la moisson.
Frédéric Pellissier
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