Le corps des Sapeurs Pompiers
fête ses 50 ans d’existence
Le corps local
des Sapeurs Pompiers a été crée le 5 mai 1955.
René Orlhiac précise: "C'est Laroche, le
Garde-Champêtre de l'époque, qui était
chargé par la Municipalité dirigée par le Maire
Raymond David de contacter au porte à porte les hommes de la
commune âgés de 25 à 30 ans. Il est passé
chez moi alors que nous préparions le cochon. Il s'est
trouvé qu'il y avait plus de volontaires que de places à
pourvoir. Alors, priorité a été donnée
à ceux qui habitaient le bourg par rapport à ceux qui
demeuraient au coteau.
Notre engagement ne comportait aucune condition.
Nous intervenions sur les sinistres sans aucune formation. Seul notre
chef, Michel Lacaze, qui avait exercé comme pompier de Paris,
avait des notions de cette fonction.
Au tout début, avant que ne soit construite
la caserne, les deux camions "Berliet" "étaient garés
dans le baraquement situé sur la place de la Mairie. Puis le
matériel s'est retrouvé dans la salle Lacaze, rue
Gambetta, actuellement propriété communale".
Des motivations renouvelées
Depuis cinquante ans, plusieurs générations de
volontaires, parmi lesquelles quelques femmes, se sont
succédées sous les directions, tour à tour, des
Chefs de Corps Michel Lacaze, Michel Blanc, Henri Guillion, René
Taste, Marcel Proto, Camille Boyé et Laurent Orlhiac.
Les tout premiers volontaires ont eu "envie que le
Centre de Secours se trouve à Villebrumier et pas ailleurs".
Mais surtout, d'une génération à l'autre, les
raisons de l'engagement restent les mêmes: "Rendre service",
"Agir dans un esprit de groupe", "Créer des liens dans une bonne
ambiance"... Des raisons toutes simples qui ont un beau jour (et les
suivants !) motivé l'implication de ces hommes.
"Il faut dire que pendant plus de 25 ans, les
interventions des pompiers se limitaient uniquement aux incendies et
que la tâche était moins lourde qu'actuellement" indique
René Taste. Les sorties mémorables n'ont pas
manqué. D'abord, le baptême du feu a eu lieu au Moulin de
Saliens durant une nuit glaciale de l'historique hiver de
février 1956. Ensuite, d'autres redoutables combats contre
l'incendie reviennent en mémoire : celui du garage Touyaa
à Nohic, où le stock d'huiles alimentait les flammes;
celui de l'usine Brusson à Villemur, celui de la ferme Alhias,
chemin de Marret, où une quinzaine de vaches a péri un
jour férié en dégageant une odeur insoutenable;
ceux des habitations Blanc, au lieu-dit "Floquet", à Nohic et
Montassier, sur le coteau, une soirée d'été... Et
comment oublier cette nuit à Charros en avril 1963, au cours de
laquelle, à 3 heures du matin, alors que les hommes sont
maîtres de la situation, un mur s'écroule sur Aimé
Vigouroux et Fernand Tapiolas qui, sérieusement blessé,
sera indisponible six longs mois? Plus tard, ce sera Jean-Louis Marty
qui sera victime d'émanations toxiques... Et que de sensations
fortes ressenties par Hélène et Gilles appelés
à assister une maman au cours de son accouchement
précipité...
Il faudrait aussi évoquer les paillers qui
brûlent, les feux de cheminées ou de chaumes, la
destruction des essaims... Et raconter l'histoire de ce pyromane,
membre du corps local, qui donnait de fausses alertes, anonymement, par
téléphone... Ou encore la recherche de ce
garçonnet disparu qui a mis en branle pompiers, forces de police
et population... alors que l'enfant dormait tranquillement dans son lit
à l'insu de sa mère!
Un événement d'une autre nature a
marqué les esprits: les recherches sur le Tarn, aux alentours de
Noël 1963, en vue de retrouver les corps de deux pêcheurs de
Villebrumier disparus au cours d'une sortie en barque sur la
rivière.
Et puis, il y a les inondations. Un jour, à
Nohic, le débordement d'un ruisseau a provoqué une action
cocasse: l'évacuation les vaches en les faisant passer par la
cuisine! Une mémorable crue de la Garonne a
nécessité le sauvetage, en barque, de 68 personnes dans
la plaine de Dieupentale ; un acte de courage qui a valu une
décoration officielle aux quatre valeureux pompiers qui
officiaient à l'époque: René Taste, Fernand
Tapiolas, Marcel Proto et Lucien WaIk.
On comprendra aisément tout le sang-froid
mais aussi tout le courage qu'il faut montrer à l'occasion d'une
intervention où le sauveteur est confronté a la mort
potentielle...
Et le VSAB arriva...
Au début des années 80, le rôle
des pompiers s'est profondément modifié avec la dotation
du VSAB (Véhicule de Secours aux Asphyxiés et
Blessés). Dès lors, la nature des interventions changeait
: il s'agissait de couvrir les accidents où la vie des personnes
était directement en jeu. Cela allait tout à la fois
exiger de nouvelles compétences pour les hommes et davantage de
disponibilité puisque les sorties augmentaient notablement. Pour
assumer les nouvelles responsabilités, il fallait
désormais se former (bénévolement) pour obtenir
les brevets nécessaires en matière de secourisme, de
réanimation et de secours routier. Au fil des années, la
qualification exigée est toujours plus pointue et aujourd'hui
l'astreinte, sept jours durant, revient toutes les quatre semaines.
Des évolutions considérables
Au cours de ces décennies, le matériel
alloué aux pompiers (grâce à une dotation annuelle
du Conseil Général) a été modernisé,
que ce soit le VSAB, le VPI (Véhicule de Première
Intervention), le FPT (Fourgon Pompe Tonne), les deux moto-pompes et le
bateau. Le casque et l'habillement (tenues de service et de sortie) ont
aussi beaucoup évolué. Mais c'est sans doute l'apparition
de l'appel sélectif (le fameux "bip-bip") couplé avec le
poste radio fixe de la caserne et la radio des voitures, qui a
constitué, ces dernières décennies, la plus grande
avancée technologique.
Chapeau, messieurs !
Les pompiers volontaires, comme le sont les hommes
(et les femmes) du corps local, ne sont rémunérés
que pour les interventions effectuées. La formation, le
recyclage, les manœuvres, l'entretien du matériel et des
locaux sont bénévoles. Durant longtemps, les
indemnités dues à la suite des sorties, étaient
intégralement versées à la caisse de l'Amicale.
Cet argent servait à financer un banquet annuel ou quelque
voyage collectif, mais était parfois utilisé pour les
besoins de la caserne.
Rester dans ces conditions au service de la
collectivité durant 37 années, à l'exemple de
René Taste ou de Fernand Tapiolas, ne peut que forcer
l'admiration et le respect, d'autant que ce dernier, après sa
mise à à la retraite, a continué à former
longtemps encore les Jeunes Sapeurs Pompiers.
Aujourd'hui, après avoir servi 30 ans, un sapeur pompier du rang touche une pension de retraite de 308 euros... par an.
Guy
d'après les
entretiens réalisés auprès de René Taste,
Fernand Tapiolas, (voir Entre Nous 13), René Orlhiac,
Hélène Rebel et Gilles Eymeric (mars 2005)
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