Al Canton
Dans le but de sauvegarder et de valoriser le patrimoine
culturel occitan de notre département, le Conseil Général, en liaison avec
l'association pour la Langue et la Culture Occitanes, a lancé l'opération
"Al Canton" (" Au coin du feu "). Déjà, dans plusieurs
cantons, a été réalisé, sous la responsabilité de Christian-Yves Bedel, un
document sous forme de livre et de cassette vidéo. Pour celui de Villebrumier,
une série de rencontres a eu lieu dans chaque commune pour recueillir, dans un
premier temps, des témoignages relatifs aux traditions locales, aux
particularités linguistiques, aux formulettes typiques, aux chansons
particulières… Pendant une heure, Arlette, Aurélie, les deux Adrien et Roger
ont ravivé leurs mémoires et ont échangé en langue d'oc …
Voici les us et coutumes pratiqués en fonction de la fête
célébrée.
La Chandeleur (la Candelièra)
confection de crêpes (los pescajons) ;
dans certaines maisons, on bénissait un cierge (un ciri) que
l'on allumait au besoin pour se protéger de la foudre (lo tron).
Carnaval
quête des œufs et préparation de l'omelette à partager, des
gaufres (curvelets), des oreillettes et des merveilles ;
organisation de bals chaque dimanche dans une pièce du café
Mathaly pour danser polka, mazurka, quadrille ; interprétation de chants, en particulier
"Adieu pauvre Carnaval".
Les Rameaux (los Rams o los Rampalms)
laurier béni pendu dans l'étable et le poulailler;
confection de gâteaux secs.
La Semaine Sainte
quête des œufs par les Enfants de Choeur (los clerjons) ;
passage de l'un d'eux dans les rues pour donner l'heure en
actionnant une clochette durant l'absence des cloches parties à Rome ;
"faire maigre" ; vendredi saint, arrêt de travail à quinze heures
pour prier.
Pâques
repas de famille ; vêpres ; omelette du lundi.
La fête votive (La vota) organisée ici les premiers samedi,
dimanche et lundi de mai pour célébrer Saint Théodard, saint patron de la
commune dont on promenait les reliques après vêpres pour conjurer la
fièvre.
L'Ascension et les Rogations processions avec passage devant
les croix bénies, les autels extérieurs et reposoirs où l'on déposait des
présents pour le curé, des bouquets de fleurs "pour préserver de la foudre
et des tempêtes" ; réponse collective rituelle aux propos du curé :
"Tres sardas per un os" (Trois sardines pour un os ).
Pentecôte
pas de souvenir particulier.
La Fête-Dieu
promenade du dais pendant la procession qui s'arrêtait
devant les reposoirs installés à plusieurs endroits du village.
Saint Jean (Joanada)
cueillette à l'aube des herbes couvertes de rosée comme le
mille-pertuis ou l'achillée mille-feuille pour une absorption ou des frictions
car elles présentent des propriétés digestives, antiseptiques et astringentes
(c'est à dire capables, par exemple, de soigner les crevasses de la peau) ;
cueillette également de feuilles de noyer dont l'infusion a des vertus
toniques, apéritives et digestives ; préparation d'un tas de branchages à
l'avance près des fermes pour allumer les feux, parfois bénis, en début de nuit
; récupération d'un tison placé dans l'armoire ; élaboration d'une tresse de
blé et d'avoine pour la pendre à la porte d'entrée.
Noël : les enfants aidaient le sonneur de cloches (lo
campanièr) à sonner Nadalet. Interprétations de nombreux chants, expressions et
fariboles en occitan sur le thème de la nativité ; grosse bûche mise au feu ;
réveillon après la messe de minuit avec dinde (la piota) et parfois le foie
d'oie.
Les
événements familiaux avaient aussi leurs coutumes.
Naissance
on ne laissait pas voir le bébé avant son baptême.
Mariage
composition de la jonchée (la jonquièra) avec du feuillage
(la ramada) ; présentation du tourin (lo torin) aux mariés dans le pot de
chambre (lo pissadon).
La mort
on arrêtait le balancier de l'horloge et on voilait tous les
miroirs ; on allumait une bougie dans la chambre mortuaire et la flamme était
éteinte, à son retour, par la personne déjà maîtresse de la maison ou qui le
devenait suite au décès ; le corps du défunt était veillé par les voisins qui
s'occupaient aussi de toutes les modalités : démarches, mise en bière, conduite
du corbillard, etc. Certains (los invitaires) passaient dans toutes les maisons
de la commune et se rendaient chez les parents ou amis éloignés pour inviter
les gens à l'enterrement. Ces personnes venues de loin, souvent à bicyclette ou
parfois en "jardinière" tirée par un cheval, partageaient avec la
famille, après la cérémonie, un repas, préparé par les voisines, qui comprenait
en principe un bouillon, un pot au feu de bœuf, des haricots blancs et du
"fromage de table" (cantal). Les femmes étaient tenues à porter le
deuil, c'est à dire à s'habiller de noir (en teignant les vêtements), six mois
ou un an, suivant le degré de parenté avec le défunt
Les fêtes : confection de desserts comme la croustade, la
crème, le massepain.
Les sorts et sortilèges : pour s'en prévenir vis à vis de
quelqu'un, on jetait dehors les cendres bénies à Saint Jean, on gardait du gros
sel dans une poche, on enfilait le manteau à l'envers…
Les feux follets : méfiance à leur égard.
Les souterrains : une croyance voulait qu'un souterrain
relie la maison Monnerot (aujourd'hui Pascal), ancien emplacement du
château-fort, à quelqu'autre bâtisse de la rive gauche du Tarn.
La citrouille : on la creusait et on y plaçait une chandelle
allumée à l'intérieur.
Le Conseil de Révision : organisation du bal des conscrits ;
interprétation de la chanson "Lo galant de la Catin".
L'orage : le carillonneur sonnait les cloches pour éloigner
les nuages de grêle ; au besoin, on allumait le cierge béni à la Chandeleur.
mis en forme par Guy
Carnaval
es un brave ôme que sap far los pescajons.
Adiu paure Carnaval,
Tu t'en vas e ieu demori per manjar la sopa à oli. (o à
l'alh)
(Carnaval est un brave homme qui sait faire les crêpes.
Adieu pauvre Carnaval,
Toi tu t'en vas et moi je reste pour manger la soupe à
l'huile (ou à l'ail).
Nadal
Avèm ausit las aubades
Que s'en venon de sonar
Sus de trompetas dauradas
L'una fa : "Tarara, tararèra, lintampon, laderin
tampon",
E l'autra li fa lo respon :
"Novèl vingut, pichon popon !"
(Nous avons entendu les aubades/ Qui viennent de sonner/ Sur
des trompettes dorées/
L'une fait :"Tarara, tararèra, lintampon, laderin
tampon",
Et l'autre lui fait la réponse : "Nouveau venu, petit
poupon !”)
Som, som, véni, véni, véni,
Som, som, véni, véni, donc.
Lo som-som vol pas venir, l'enfantot vol pas dromir.
(Som, som, viens, viens, viens donc,
Le som-som ne veut pas venir, le petit enfant ne veut pas dormir ).
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