Salle des fêtes
Histoires et occasions manquées
A n'en pas douter, les élus locaux ressentaient depuis
longtemps la nécessité de doter Villebrumier d'une salle des fêtes. En effet,
parmi les archives communales figurent deux projets, l'un daté de 1914 et
l'autre de 1961 qui n'ont jamais abouti ! Si bien que, pendant une trentaine
d'années, à partir de 1934, la commune s'est contentée d'utiliser le
"baraquement" avant de récupérer, en 1966, le bâtiment actuel affecté
à une autre utilisation à l'origine…
Le projet de 1914
Un plan daté du 3 janvier 1914 et établi par les "
Ateliers du Tarn " situés à Lavaur atteste d'un " Projet de salle des
fêtes ".
L'immeuble
projeté (qui n'a donc jamais été construit) mesurait 24 m de long sur 8,50 m de
large et comportait une toiture à deux pentes symétriques comprise entre 4,50 m
en bordure et 6,25 m au faîtage. La structure était constituée d'une charpente
métallique reposant sur des fondations en béton supportant 7 paires de poteaux
espacées de 4 m reliées par des pannes, des fermes et des cornières. La
couverture était envisagée en tôles ondulées galvanisées de deux dimensions,
les unes de 1,65 m sur 0,74 m, les autres de 2 m sur 0,74 m. Comme ouvertures,
étaient prévues 12 " châssis à vitrage de 1, 20 m sur 1 m, ouvrant à
bascule, dessus cintrés " et une " porte d'entrée en bois " de
2,50 m de large surmontée d'une rosace.
Le croquis de l'ensemble a belle allure. Mais le document ne
prévoit ni sanitaires, ni moyen de chauffage, ni débarras, ni coin-cuisine…
C'était une autre époque… Il n'est pas précisé non plus ni le coût estimé ni
l'emplacement projeté.
Le baraquement
Un
précédent numéro de Entre Nous a retracé l'historique de cette structure attribuée à la commune en 1933,
" à titre exceptionnel pour la
somme de 250 francs " sous la forme " d'un hangar métallique situé à
Moissac provenant du service des Sinistrés de 1930 " et qui présentait les
caractéristiques suivantes : ossature métallique de 15 m de long sur 8 m de
large ; toiture en panneaux d'éverite ondulée à deux pans de 8 m de haut au
faîtage reposant sur 7 rangées de pannes de fers laminés ; surface latérale
remplie par un cloisonnement de briques hourdies au mortier d'environ 12 cm
d'épaisseur ; vitrage sur un pignon et sur une façade de 1,50 m de hauteur à 4
m du sol ; accès par portail en bois de 4 m de hauteur à deux battants de 1,80
m chacun.
Il a été déboursé 283,95 francs pour
cet achat. Mais les travaux pour le démontage, le transport, le remontage et le
dallage sont évalués à 14 000 francs. Il est décidé de " renforcer le
cloisonnement jusqu'à 2 mètres de hauteur " et d'ajouter un enduit pour
une dépense supplémentaire de 2.160 francs.
" Le
paiement sera fait par la vente d'une partie de la rente 4% 1917 que détient la
commune ".(ce placement résulte de la vente pour 40 000 francs de la
Gendarmerie au département en 1927).
Cette bâtisse servait tout à la fois d'entrepôt pour le
matériel municipal (mâts tricolores utilisés pour supporter les illuminations,
charreton pour ramasser les ordures, outils divers…) et de salle des fêtes.
Dans les années 50-60, c'est là que se déroulaient les spectacles de Noël
donnés par les enfants de l'école. Une estrade avait été aménagée. Son fronton
portait l'inscription : " Coopérative scolaire " avec la devise
" Un pour tous, tous pour un ". Que de pièces ou saynètes, chants ou
prestations musicales collectives au pipo ont été joués sous la direction des
enseignants Jean et Marthe Macary ou Georgette Brugnara !
Cet
équipement sera démoli au moment de construire la Poste, début des années 70.
Mais déjà, l'ancienne et éphémère " Ecole d'enseignement rural ", qui
ne fonctionna que peu de temps, faisait office de salle des fêtes…
Le projet de 1961
Le deuxième
projet est daté de 1961, époque où Raymond David dirigeait la Municipalité.
L'architecte René Fabre fait connaître au Maire son " esquisse d'une salle
des fêtes foyer rural " dont le devis estimatif se monte à 18 millions de
(nouveaux) francs, honoraires compris. Le bâtiment prévu comptait trois salles
au rez de chaussée légèrement surélevé , l'une de 15 m sur 15, l'autre de 8,5 m
sur 5 et la troisième de 12 m sur 5. Le concepteur envisage également " en
creusant très peu sous la scène, un local où l'on pourrait soit faire un
déshabilloir pour les acteurs, soit au contraire servir de bains-douches
destinés à la fois aux comédiens les jours de théâtre et en temps normal
ouverts au public ". Même si l'endroit de son implantation n'est pas
précisé, c'est là un projet bien plus complet que celui de 1914 avec
installation d'eau, sanitaires et fosse septique, mais sans chauffage encore !
Ce bâtiment
ne vit également jamais le jour.
L'origine du bâtiment actuel
Le projet précédent a été supplanté sûrement par la
construction d'un "Centre Post-Scolaire Agricole et Ménager" qui est
évoquée dès 1956. Le descriptif prévoit, pour le côté "agricole",
"un atelier de 30 m2 (avec bibliothèque et table), une salle spécialisée
de 50 m2", pour le côté "ménager" "une salle spécialisée de
Travaux Pratiques de 50 m2" et " une salle de cours commune de 56 m2
(doté de 15 tables à deux places) ", les trois pièces étant desservies par
un couloir. Les annexes, constituées de la cour et du jardin " existent
dans le groupe scolaire attenant (sic) ".
Cette
réalisation est prise en charge à 85% de son coût par l'Etat, soit 96.645
francs (nouveaux). Le reste se monte à 20.000 francs et est financé par la
commune grâce à un emprunt auprès de la Caisse des Dépôts et Consignations au
taux de 5,5% sur 30 ans. Sept entreprises réalisent les travaux : le
terrassement revient à Bardin, de Montauban (qui a construit récemment le
groupe scolaire), le gros œuvre à Della Maestra, de Nohic (qui a commis une
erreur d'implantation, ce qui a entraîné un surcoût !), les peintures et
vitrerie à Lombral, l'installation électrique à Echeverria, toutes deux de
Montauban, la charpente-menuiserie à Fargal de Saint Laurent Lolmie (Lot), la
plomberie-zinguerie et sanitaires à Raffanel de Monclar de Quercy et enfin
l'installation de la ligne électrique extérieure à Gourmanel de Buzet (Haute
Garonne).
Cette
construction porte assurément la marque de l'époque : chauffage à l'aide de
poêles à bois ou charbon, absence d'isolation, aucune originalité
architecturale…la Municipalité choisissant " une couverture en Eternit
grise ", c'est à dire en fibro-ciment, loin e l'aspect des toitures
traditionnelles !
Le procès
verbal de réception définitive est daté du 27 février 1963. Durant quelques
heures hebdomadaires, des cours seront dispensés à quelques jeunes ruraux par
des instituteurs itinérants. Certaines personnes se souviennent de l'atelier
" mécanique " où se trouvait un vieux tracteur démonté. Mais cela ne
dura guère : dès le 9 mars 1966, soit trois ans à peine après la fin des
travaux, le Conseil municipal demande " la désaffection du Centre Post
Scolaire agricole et ménager pour installer à sa place un Foyer Rural " !
Incroyable ! Cette proposition reçoit un avis favorable du Préfet et de
l'Inspecteur d'Académie et le bâtiment fera désormais office de salle des fêtes
pour accueillir les manifestations organisées dans la commune, notamment les
lotos et les banquets. Mais sa configuration intérieure rend ce lieu peu
fonctionnel et la Municipalité dirigée à partir de 1971 par Aimé Vigouroux
décide quelques travaux qui consistent à abattre des cloisons pour obtenir une
" grande " salle et une plus petite toujours chauffées (et parfois
embaumées !) à l'aide de poêles à mazout et encore éclairée par de banales
ampoules sous globes translucides…
Il faudra attendre les années 90 pour que le Conseil
municipal présidé par Etienne Astoul élabore et réalise un vaste projet
d'agrandissement et de restructuration qui donnera l'aspect actuel à la "
salle des fêtes " : hall d'entrée, coin cuisine, débarras, estrade,
sanitaires, isolation, chauffage électrique, éclairage... L'inauguration a eu
lieu le 29 avril 1991 en présence de M. Jean Michel Baylet, alors Ministre du
Tourisme.
Enfin, en 1996, l'agrandissement du groupe scolaire et la
construction de la cantine a été l'occasion d'aménager un local de rangement
conséquent et de créer un lien entre le réfectoire et la salle des fêtes, ce
qui permet au besoin d'augmenter la capacité d'accueil.
enquête de Guy
Jean Michel Audy
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