Interview de Monsieur Emile
Just, né en 1902, le 25/09/1991 par Melle Olivier.
A quel âge avez-vous débuté
dans le métier ?
Emile Just : A 12 ans en 1914,
jétais employé à la tournerie pour
la fabrication des manches à balais. Mon patron sappelait
Ange Nanciarini. La fabrique se situait au garage Sanchez à
côté de la boulangerie Boutet (Boutic actuellement).
Je gagnais 20 sous par jour, ensuite 1 franc et je travaillais
10 heures par jour - pas plus. A la suite de revendication, on
a eu le samedi après-midi et la semaine anglaise un peu
plus tard. On a fait grève en 1925-1930. Jai commencé
comme ouvrier, puis jai continué comme contremaître
à Montauban chez Sournac et jai fini propriétaire
à Grisolles. Jai beaucoup travaillé.
Quel était le rendement en moyenne
?
10 balais à lheure, maximum, 80 balais par jour.
Ils étaient payés à la pièce.
Comment était organisée
la fabrique ? Etait-elle importante ?
Assez, il y a eu 30 monteurs et 60 couturières et trieuses.
Après la guerre, Ange a fait faillite et sa fabrique a
été rachetée par Neveu en 1925. De 1930 à
1938 je suis allé travailler comme contremaître pour
Sournac à Montauban. Il y avait 4 à 5 ouvriers.
Il a été inondé en 1930.
A Grisolles, à votre époque,
quels étaient les ateliers?
Il y avait quelques grands ateliers : Massot-Boutines et Dejean
- cétait loncle de ma femme. Les grands artisans
étaient éclatés dans le village, comme J.
Massot et P. Chappuis. Il y avait surtout de petits artisans.
Les ouvriers venaient principalement de Grisolles, de Canals ou
de Pompignan, des Italiens aussi.
Y avait-il des inconvénients
pour la santé dans la fabrication des balais ?
Ah ! Oui ! Le soufre, lacide sulfurique dégagée
dans le soufroir pour blanchir les pailles. Les voies respiratoires
devaient sabîmer. Il fallait une bonne aération.
Je me rappelle que les assurances profitaient des risques dincendie
: il fallait un local à part.
Quelles machines employiez-vous ?
La banquette à mâcher les pailles puis létau
à visser, le grand progrès, cest larrivée
de la "Mortimer" de Baltimore en 1925, il y avait dautres
marques. Voilà une machine qui a allégé le
travail de louvrier. Elle a été mécanique
puis électrique. Elle nétait pas plus rapide,
mais cétait moins fatigant.

Machine à cordonner - vers 1950
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